vendredi 28 décembre 2007

Best before 25 Dec.

On a beau se démener, On arrivera tous à Noël en même temps.
Enfin c'est ce qu'ils disent.
ET c'est vrai en partie. J'ai réussi à mettre une dinde de la ferme sur la table au réveillon, remplir nos valises de vêtements propres, organiser un tant soit peu la maison avant de décoller vers la ville, bricoler une maison en pain d'épice avec Loup et écouter deux, trois fois les charbonniers de l'enfer en rafale...
Les cadeaux étaient emballés mais le spectacle de Loup au réveillon était quelque peu bancal, je n'ai pas envoyé mes voeux à mes amis et mon équipe, je voulais faire des petites boulettes au poireaux et je ne les ai pas faites...
Noël est arrivé, Noël est passé.
On a fait ce qu'on a pu, et devons faire le deuil de ce qu'on a pas réussi à faire.
J'avais un conte de Noël à inscrire ici, sur le blogue, et puis... Noël a passé. Et voilà que je m'apercois que mon conte de Noël est couvert de moisi.
Dépassée la date de péremption.

lundi 17 décembre 2007

Magie blanche

Hier, seule la charrue est passée sur mon rang.
Pas une auto, pas même une motoneige ne s'est aventurée dans tout ce blanc.
Nous étions comme dans une image de livre pour enfants.


Seuls au monde parmi cette démesure de neige qui nous engloutissait.
Nous étions équipés pour survivre longtemps dans cette démesure de neige.
Nous avons du bois, des légumes plein le caveau, des oiseaux plein le congélateur, du vin et des livres.
Au plus fort de la tempête, nous sommes sortis. Nous nous sommes enfoncés dans la neige (jusqu'aux cuisses) et dans notre forêt pour aller se couper une épinette de Noël.


En revenant, nous l'avons décorée.
Pendant un moment, nous n'étions plus en 2007.


mercredi 12 décembre 2007

la mort, l'automne

Hier matin, 5h, S s'est glissé hors du lit pour accomplir l'ignoble.
Il s'est faufilé en douce dans le poulailler, tel un abominable renard.
Il s'est emparé des belles grosses dindounes une par une pour les encager 3 par 3.
Il devait faire -20 mais il suait à grosses gouttes, nos 17 oiseaux de Noel, mi-dinosaure mi-autruches, avaient atteint le poids vénérable de 9kg malgré leur vie au grand air.
À les transporter, 3 par cage dans 40 cm de neige, il s'est gelé les poils de nez et a mouillé sa tuque.
Il a entassé les cages dans la remorque et les a amené vers leur mort.
Elles n'ont pas bronché. Mais je n'irai pas jusqu'à croire qu'elle étaient résignées.
Leurs jours étaient comptés.
Il ne leur en restait plus.

Depuis que nous sommes à la fermes, nous élevons nos oiseaux. Pour nous nourir.
Avant la ferme, j'ai vécu 13 ans de végétarisme.
À la ferme, je me suis remise à un régime omnivore. Je ne ferai pas ici un essai sur les raisons de ma transition bien que mon choix soit fondé sur des préoccupations philosophiques, politiques, scientifiques et environnmentales.
Si j'écris cela ici, c'est parce que tuer les oiseaux c'est une expérience philosphique.
À date on a toujours tué les animaux à la ferme.
Égorgés, tués, plumés, nettoyés, congelés de façon artisanale.
Souvent des amis nous aident. Il n'y a rien de plaisant la dedans mais c'est un geste essentiel. Nous tuons pour manger. Nous rendons grâce, nous remercions et nous accomplissons le sacrifice. Et après c'est la fête, nous mangeons.

Cette année, nous avions beaucoup d'oiseaux. Nous avons eu la chance d'avoir de l'aide pour la tuerie des poulets, oies et canards.
Et puis il restait les dindounes qui glougloussaient.
Et puis il y a eu la neige.
On a attendu un redoux.
Mais non... il a neigé de plus belle.
Pas d'eau.
On s'est résignés à amener nos belles grosses boules de plumes à l'abattoir.
Quelle mort laide.

ce matin en me levant, j'ai regardé le poulailler dans le peu d'aube qu'il y avait.
Les portes béantes, inhabité.
J'ai dit à S: 'Ça fait drôle, hein, le poulailler vide?'

Poulailler vide, maison ronde vide,
plus d'oiseaux, plus d'équipe,
c'est l'hiver qui commence...

Hommage aux dindounes

mercredi 5 décembre 2007

hymne à la maille

D'entrée de jeu, j'affiche mes couleurs:
Tricot machine: pas capable.
Sauf que mon fiston aime alors je me résigne à faire semblant.
Il y a environ un an, revenant de chez le dentiste, Monique Giroux n'en finissait plus de ne plus tarrir d'éloge au sujet de tricot machine. Moi je faisait la rencontre de tricot, à la broche.
J'étais passée, en passant, chez kèkune.
je m'en revenais et au moment où j'enfile ma tuque, elle me lance:
"Eille! tu connais-tu ça cette laine là? moi je capote!"
La martha stuwarte en moi s'est excité:
"laine?"
et la voilà qui s'élance:
"regarde cela! C'est de la super laine, c'est faite par ordinateur, tu tricotes des bas pis ca change de couleur et ça fait de motifs tu-seul! Ça coûte cher mais ça fait des maudits beaux bas! Pis c'est chaud. Moi je les fais pour les filles, pour mettre dans les patins l'hiver..."
Cupidon venait de toucher. J'avais vaguement tricoté avec grand moman T dans ma jeunesse. J'ai sauté dans mon char et j'ai foncé vers la boutique que kekune m'avais indiqué: WOOLAINE.
Et depuis, je tricote. Je tricote de façon compulsive de novembre à mars. Des bas, des mitaines, des tuques et des foulards. Je tricote en auto et devant la télé. Je tricote dans chaque temps mort. Je ne suis plus capable de m'arrêter. Je tricote pour ne pas culpabiliser quand je m'arrête.
Vian chantais "Je bois... systématiquemenet..."
Salette fredonne "Je tricote... systématiquement... et des fois, je bois en plus"

pour de beaux modèles gratis, zéro phentex...

jeudi 29 novembre 2007

envie de printemps

Tempête de neige...
Le gazon est toujours plus vert dans l'autre saison...
On oublie vite.
Les catalogues de semences commencent à remplir notre boîte aux lettres,
et nous, à rêver aux prochaines petites graines que nous mettrons en terre.
Aux asperges et aux verdures.
Mais, d'ici là..
On en a des carottes, des choux et des courges à manger...
et des oiseaux!

mardi 27 novembre 2007

vendredi 23 novembre 2007

windshield washer

Il y a un biais dans mon billet d'hier.
Mon pélerinage quotidien n'est pas une partie de plaisir chaque jour.
Ce matin, il y a un 'truck a bois' qui venait de prendre le 'ditch' dans la côte à Newton (prononcer NOUTINE). À l'approche de la descente, cinq hommes à casquettes, âgés de 18 à 70 ans, se sont chacun sorti une main d'une poche pour me faire signe de ralentir. Ma fenêtre était gelée, j'ai ouvert la portière.
''Qu'est ce qui se passe?'' j'ai crié.
Le moustachu m'a répondu:
''Y avait de la glace en d'ssous de la neige. J'm'en v'nais, pis je me su' mis à r'culer par en arrière dans' côte. J'ai pris le 'ditch'. Tu vas me voir, chu juste là, c'est mon truck à bois. Mais fais attention... si tu y vas tranquilement, tu vas être correct...''
Je lui ai dit:
''Ouais, moi aussi ça m'est déjà arrivé ici... mais j'ai des pneux cloutés asteure. Chu correct. Salut!''
C'est vrai qu'elle est bête la côte à Newton. Ça arrive souvent qu'on arrive pas à la monter.
Ensuite, quand j'ai pris la grande route, je me suis rapidement rendu compte que mon réservoir de lave-glace était vide. Je voyais rien. Les essuie-glace n'étaient utiles qu'à étendre la gadoue qui revolait des roues de la voiture précédente afin de couvrir la vitre d'une couche de sel. Visibilité nulle et il ne neigeait même pas.
J'ai dû m'écarter de mon chemin habituel pour aller acheter deux bidons de liquide lave-glace moins 40 à la station service. Le capot de ma voiture était glacé et ne voulait plus s'ouvrir. Il a fallu que j'enlève la slush sale avec mes mains pour le décoincer. Et après... incapable d'ouvrir le bidon! Le bouchon était IN-DÉ-VI-SSABLE! Encore pire avec les doigts gelés. Un vrai 5 minutes en temps réel à forcer sur le maudit bouchon... C'en était trop.... j'ai crié: CÂLISSE! C'est sorti tout seul...
J'ai pris une grande respiration et je me suis dit que ça me prenait un homme. Je suis allée retrouver un monsieur qui faisait le plein d'essence et lui ai avoué mon impuissance face au bidon. Il m'a dit qu'il fallait couper le petit bout de plastique pour le dévisser. Il me l'a coupé avec sa clé et m'a dit que maintenant ça se dévisserait tout seul. C'ÉTAIT MÊME PAS VRAI! La languette n'avait pas besoin d'être coupé et c'était toujours indévissable. J'ai grogné un bon coup, j'ai forcé de tous mes doigts et j'ai enfin arraché le sapré bouchon.
Maudite hiver!



jeudi 22 novembre 2007

mon long chemin, tout blanc de neige blanche

Depuis presque un mois, tous les matins, je quitte ma tanière isolée pour retrouver mon poste de travail, dans la foule. De rat des champs, je passe à rat des villes. Pour cela, je dois parcourir un nombre honteux de kilomètres. Durant la majeure partie du trajet, j'arpente ma campagne, je salue mes voisins qui montent sur leur tracteur ou qui, depuis peu, sortent leur souffleuse. J'imagine mon bolide sur une carte géographique, engloutissant des km. Arrivée en ville, ma cadence passe de pas de géant à pas de souris. Jean dit je prends mon rang comme les autres, dans la file des voitures.
Depuis quelques jours, un peu plus chaque matin, mon chemin de garnotte blanchi. Pas de sel ni de gadoue dans ma campagne, juste un tapis blanc, bien épais, une grosse moquette qui feutre nos pas. Nous chaussons nos pneus à crampons. Nous attendons que la gratte ait passé pour attaquer la route. Et parfois, malgré les crampons, malgré la gratte, nous sommes forcés de nous encabaner. Ma campagne souvent si colorée prend des allures de photo noir et blanc. La forêt devient dentelle sur fond noir. Des volutes de fumée de poêle s'élèvent au-dessus des maisons. Les traces de pas, en relief dans la neige, trahissent les allées et venues des animaux, petits et grands.
Mon chemin est rempli de spectacles chaque jour renouvellé.
Et pour ce qui est de la partie pare-choc à pare-choc, quelques bons cd arrivent à faire oublier l'absurdité de la situation et le temps perdu à produire des gaz à effet de serre. En compagnie de Rachid Thaha, Xavier Caféine, DJ Champion, David Byrne (...), c'est la fête dans l'habitacle et entre deux 'tounes' j'ai le temps de me mettre du rouge à lèvre.
Après avoir garé mon carosse, je finalise le trajet à pied.
J'ai vite réalisé que mes grosses 'sorel' trahissent mes origines. Que je doit parfaire mon déguisement.
Il faut que je m'achète des bottes...

lundi 19 novembre 2007

Le fond de l'air est frette

Les petits matins sont de plus en plus givrés. Rien à voir avec les céréales du matin ou les lendemains douloureux. Ce n'est pas du sucre blanc qui recouvre jusqu'à la moindre brindille le matin mais une poudre de froid. Il faudra commencer à chauffer le poêle bientôt. J'admets d'entrée de jeu mon absence total de sens de l'entretien du feu au foyer. Je l'assume entièrement. Je suis une femme et ce sont les hommes qui, depuis toujours, s'occupent du feu. Entre vous et moi, qui tourne autour du feu, brasse les braises, revendique le contrôle des combustibles, réorganise les branches du brasier (...) au camping et dans les fêtes en plein air? Les mâles. Durant les trois derniers hivers, je passais mes journées seule à la maison, S s'activant à gagner des sous hors bercail. Le matin, il bourrait le poêle pour éviter que sa petite femme ne se transforme en glaçon dans la journée. À son retour, je l'accueillais, le nez rougit, la buée qui entourait mes mots de bienvenue, la tuque sur le crâne et trois chandails de laine sur le corps. Pas pour rien, la chanson 'fais du feu dans la cheminée je reviens chez nous'. Il faut le rappeller à sa femme de chauffer le poêle parce que sinon, elle oublie. Cette année, les rôles sont inversés, moi, femelle, je pars à la chasse aux deniers le matin pendant que mon mâle reste à la tanière, attisant le feu. OUi, Le fond de l'air est de plus en plus frette, mais le retour au chaud bercail devient, lui, de plus en plus doux...

mercredi 7 novembre 2007

La double vie de Salette

Les vacances sont finies,

et mon coeur fait twi twi twi...


Les derniers paniers (ASC) de la saison ont été livrés il y a déjà belle lurette.

La caveau est plein à craquer.

La bête à plusieurs têtes, bras et jambes, dont le gros coeur rythmait notre quotidien s'est complètement démembré. Mon équipe. Le démantèlement a débuté de façon assez cruelle, alors qu'un coup... de téléphone... lui a arraché la tête.


''Salette, le Canéda t'offre de joindre ses rangs...''

et moi de répondre:

''C'est bon, laissez moi le temps de prendre une douche, me curer les ongles, me teindre les cheveux (dont la couleur me donne plus l'allure d'une beach bum que d'une bureaucrate) et de changer mes bottes de caoutchouc pour des talons hauts''


Me voilà maintenant, quittant chaque matin ma campagne profonde pour m'asseoir devant un écran, travailler in ingliche et me bourrer le crâne d'acronymes. Je reviens la nuit tombée vers là où mes racines continuent de s'enfoncer. Sur ma terre. Je continue de croire qu'être fermière est le plus beau métier du monde. Mais mon emploi actuel n'est vraiment pas loin dernière et je me pince chaque jour pour vérifier si je ne rêve pas. I am so lucky!

Salette entâme son retour en campagne profonde, déguisée mais avec encore la tête plein de mots...

mardi 2 octobre 2007

King of the Heirloom

Les Heirloom.
Les légumes du patrimoines.
Vous connaissez?
C'est un bien vaste domaine de connaissance qu'ici à la ferme nous maîtrisons de mieux en mieux...

Mon histoire agricole est bien courte mais celle de mon espèce l'est moins.
L'homo sapiens pratique l'agriculture depuis un bon 10 000 ans (on est pas à mille ans près!) et c'est rapidement que mes ayeux se sont mis à croiser des plantes. L'hybridation n'a rien à voir avec les OGM. L'hybridation c'est notre patrimoine naturel, c'est le fruit du travail et de la connaissance de générations d'êtres humains cultivant la terre pour s'en nourrir.

Des générations et des générations de plantes et d'animaux pour mieux satisfaire des générations et des générations d'êtres humains. Domestiquer les plantes pour qu'elles satisfassent de plus en plus nos besoins, du plus charnel au plus basique. Productivité acrue des parties recherchées de la plantes. Amélioration et diversification du goût et de l'apparence. Adaptation aux conditions locales. Des panoplies de grosseurs, de couleurs, de formes, de goût, de résistances... pour chaque légume. Il n'y a pas si longtemps nos cultures étaient partie intégrale de notre culture.

Puis il y a eu la standardisation: la tomate est ronde et rouge vif (rouge tomate!), de couleur uniforme à la peau lisse, elle pèse 300g...

Dans le sillon de la soupe Campbell's et du ketchup Heinz, qualité est devenu synonyme d'uniformité, les 938 autres variétés de tomates pouvaient bien aller se faire voir, la barbie des tomates avait vu le jour, ferme et bien roulée, le canon de la tomate tel une caricature venait de voir le jour. La tomate, le haricots, la carotte, la courgette, le poivron... presque tous le même sort: après que nos ancêtres en ont eu multiplié presque à l'infini les varités, une poignée d'ancêtre extrêmement récents sont venus effacer les fruits de leur travail pour n'en garder que les plus caricaturaux, les plus productifs, les plus résistants aux pathogènes, ravageurs et conditions climatiques extrêmes from coast to coast.

Heureusement quelques marginaux, quelques résistants qui préfèrent l'histoire en continuité plutôt que par révolutions, continuent de cultiver le concombre de Matante Alice, le maïs des indiens Mandan, la tomate noire d'un ancêtre de Crimée, le blé bleu qui ferait d'un punk le petit prince...

Dès nos début à la ferme, ça a été notre but: avoir accès à toutes cette avalanche de forme, de couleur de goût... Chaque année, je ne peux me résoudre à cultiver moins de 250-300 variétés de légumes, toujours au moins une trentaine de variétés de tomates, une dizaine de variété de courges, une tentaine de variétés de laitues, etc... Par pur plaisir... Par pur bonheur...

Ce ne sont pas tous des heirlooms (d'anciennes variétés de légumes de notre patrimoine) mais beaucoup en sont et il y en a avec qui nous nous acharnons. Le voilà enfin, notre emblême du patrimoine agricole québécois, digne de la soirée canadienne... Après 5 ans d'essais, Le voilà, notre tant attendu, notre vedette. Nous le savourons enfin, le splendide melon de Montréal, gros et sucré à souhait, empireumatique, gourmet et gourmand. Ce melon était cultivé avant, sous l'asphalte du boulevard Descaries et était savourés dans les meilleurs restaurants de New York et de Boston. Il a disparu parce qu'il se conservait mal sur les tablettes. Il voyage mal le gros monsieur. Ici, il voyage du bout du champ jusqu'à nos mains, où d'un coup de couteau, nous l'éventrons directement au champs pour s'en mettre plein la bouche et bénir nos ayeux.

mercredi 19 septembre 2007

De retour en scène

Côté course.
J'ai ralenti la cadence.
Légèrement.
La codéine n'étant pas un stimulant très efficace...
Quand je suis tombée, une équipe d'athlètes bien intentionnés, ayant le fil d'arrivée bien en vue, du souffle et du coeur à revendre ont attrapé le bâton de relais qui me glissait des doigts. Heureusement.
Ils me l'ont rendu la semaine passée. Me l'ont glissé dans la poche parmi les cailloux de Loup, c'est là qu'il entrepose sa collection.
Et j'ai repris la course, mon petit pas cahin caha, le souffle court, la tuque horrible plantée sur la tête, la boîte de mouchoir sous le bras...
Mon équipe... Je n'en parle pas assez... mais au rythme où je blogue et à la quantité de choses qui se passe au champ et dans mon crâne, que voulez vous...
J'y réserve un billet à ma dream team.




Côté jardin.
En mon absence, mon jardin a survécu un premier gel significatif protégé de bâches et de sprinklers.
C'est toujours un stress immense et au fond du coeur, une petite envie de délivrance...
Nous faisons tout en notre pouvoir pour protéger nos belles cultures sensibles au gel mais la saison prendra fin un jour et le temps vient de laisser la récolte quotidienne de haricots, courgettes, pâtissons, tomates, concombres pour se consacrer à vider le champ avant que le sol ne gèle complètement...

dimanche 16 septembre 2007

Ailloille!

Je suis tombée au combat cette semaine.
J'ai pris un panneau de signalisation en pleine bouille.
Et d'aplomb.
Ça faisait pourtant au moins un bon mois et demi que je pouvais le distinguer au loin.
Il devenait de plus en plus gros, plus rouge...
Mais moi, je courrais sous les bombes, le petit Loup sur le dos, des tomates plein les mains, des listes de choses à faire s'envolant de mes oreilles et dans le dos une gourde de vin...
Subjuguée par la végétation m'environnant, luxuriante, enivrante, je n'y ai vu que du feu.
Jusqu'à ce que je le prenne en pleine poire, sur le côté gauche du visage.
Le nez, la joue, l'oreille et la mâchoire ont été touchés.
et Selon le gentil Dr L., quelques éclats se seraient peut-être logés dans les poumons.
2 jours à me vider de mes fluides vitaux, plusieurs litres de sueurs, mucus, bile y ont passés.
La fièvre délirante
La faucheuse qui tournait autour du lit...
"Hors saison!" je lui criais!

Le matin, S se présentait à mon chevets, m'offrant crayon et papier pour noter mes dernières volontés:
  • Soigner oiseaux d'en bas et poules (je l'écris tout le temps même si c'est moi qui m'en occupe le moins ici, je me dis je si quelqu'un oublie, je ne serai pas à blâmer)
  • Irriguer serre
  • Arroser blocs
  • tchèquer melons, récolter butterscotch et goûter crookshaws
  • Assez de maïs #2 pour les paniers?
  • 36 paniers et 1 panier de remplacement pour MP et CG
  • Récolter choux-fleurs graffiti
  • Récolter haricots, tomates courgettes concombres broco...
  • Préparer 200lb tomates pour matante Léonne (11h30)
le crayon me glissât des doigts et je gémis dans un dernier souffle:
-Pour les paniers, allez au plus simple: courgettes, concombres, broco, carottes, laitue, tomates, haricots et mettez les melons s'ils sont bien mûrs et des poireaux qu'il faut commencer à sortir du champs...

et je sombrai dans un autre délire de fièvre de 24h où je revis le panneau de signalisation qui m'a frappé si violemment et si douloureusement...

C'était écrit:

ARRÊT
STOP

jeudi 6 septembre 2007

le sprint du marathonien


Où suis-je?
Où est donc Salette?
Non, Salette n'a pas encore crevé d'être fermière.
Et Salette est encore moins en vacance.
Salette rêve de bloguer mais...

Je suis ensevelie sous une avalanche de tomates, concombres, haricots, choux, courgettes, melons, brocolis, carottes, etc...
Je sors la tête pour respirer quelques minutes avant de m'endormir avec un livre et ensuite m'enfouir dans des rêves aux saveurs de légumes, aux odeurs de légumes, aux images de légumes...

Et je compte...
je fais mes bottes de carottes et je compte les carottes...
et je compte les bottes...
et je compte et je compte et en m'endormant ça compte tout seul dans ma tête...

La saison de maraîchage est un marathon.
À mi-saison, la fatigue nous prend. Les crampes se pointent. Le souffle est court.
Et c'est là qu'il faut sprinter.

Récolter tout ce que le jardin nous offre, sans négliger l'entretien de no belles plantes, vendre le maximum et conserver les surplus.


Quand je ne suis pas en train de récolter, couper, tirer de la terre, cueillir les fruits, botteler, laver, peser, compter et ranger dans la chambre froide, j'emmagasine.
La cuisine de transformation avance mais n'est pas encore prête...
Les tomates elles le sont.
Tout comme bien d'autres occupants de mon jardin.

Ça me hante...
Les cornichons, les tomates, les brocolis, les haricots qui s'accumulent
Alors, le soir je conserve.
Le mercredi, je conserve.

Des sprints de fous.
J'en suis à 214 L de tomates, en pots stérilisés sur du temps volé à mon sommeil et à mon garçon, à 74 pots de cornichons à l'aneth de 1L, à 5 boisseaux de haricots blanchis et congelés, à 38 choux fleurs blanchis et congelés, tout comme les 57 brocolis...
Ne rien perdre de cette avalanche de bonheur...
Ah! Et puis il y a eu la rentrée scolaire de mon petit avec le petit lunch, le gros sac à dos, la petite maternelle, le gros autobus jaune et l'avalanche d'émotions...
Et puis, il y a eu le premier gel avec la nuit blanche, les agrotextiles et les sprinklers...
Je savoure et en même temps
J'espère la ligne d'arrivée







mercredi 8 août 2007

Moi, Paysanne


L'autre soir, j'ai revisionné le documentaire de Ève Lamont, PAS DE PAYS SANS PAYSANS.

Bon, ce n'est pas parfait, structure en broche à foin, montage au rateau, voix off de fond de tracteur... mais toujours aussi important et pertinent comme propos. Et on en parle jamais, nulle part.... De ça... de nous... De la production de la nourriture que l'on mange tous... et de nous, agriculteurs qui, fourche à la main, alimentons nos fourchettes.

Je l'ai écouté avec L super bras droit et ma provençale de wwoofer, alors ça prenait une autre dimension. Situer ensemble notre travail quotidien dans le contexte actuel, québécois et mondial. Aux premiers visonnements, ce film m'a laissé les yeux rougis et un gros moton dans le gorgotton. Depuis que je vis la transition de trendy citadine à farmière profonde, j'ai passé par beaucoup de phases: le choc de la réalité agricole, la négation, la révolte, la crise et l'envie de crier sur tous les toits, le désespoir... ce soir là, j'ai réalisé que je suis passée à une autre étape: la résignation. L'écoeurement de la situation et le désarroi du politique.

Je savoure chaque jour à la ferme comme si c'était le dernier. Je me dis que planter mes petites graines et produire de la nourriture que je veux belle, saine et savoureuse pour mes concitoyens, c'est ma révolte. Et je suis lucide malgré Lucien, je sais bien que je ne pourrai peut-être pas continuer comme ça. Je me dis que je me paye un trip en rêvant toutes les nuits de refaire un vrai voyage. Voyager comme avant... Travailler comme des fous et tirer le diable par la queue tout en vivant dans la même société que les autres. Je suis utopiste mais je suis fidèle. Mes anciens goûts ne m'ont pas quittée parce que j'ai quitté la ville pour la campagne profonde. La culture me manque avec tout ce qu'elle a de beaux et de pervers: le théatre, le cinéma, la musique, les musées, et la mode, les soins de beauté, le bon vin, les restos, la consommation et encore la consommation...

J'aime profondément mon travail et quand on est pas trop dans le rouge, j'oserais même dire, Oh Obsénité! que je suis heureuse

Suite à ce revisonnement, J'ai aussi très viscéralement réalisé à quel point je suis chanceuse parce que, 2ième obsénité: j'habite au paradis

Dans le docu, Mme Lamont, dresse un portrait bien peu reluisant de l'agriculture actuelle et prête le micro à des paysans d'un peu partout. Ici sur mon chemin de garnotte, je suis au paradis, entourée d'une nature belle et généreuse et de voisins paysans authentiques. Aucun n'est bio mais tous travaillent à dimension humaine, de façon traditionnelle. Bien loin de ce qu'est devenue la 'vraie' agriculture. Au quotidien, je ne suis confrontée à aucun OGM, aucun élevage de type camp de concentration... pas d'agrobusiness autour de moi. De la paysannerie naturelle, traditionnelle, qui va de soi! Et le meilleure la dedans, c'est que je suis la seule qui a fait un retour à la terre, mes voisins pratiquent l'agriculture parce que c'est comme ça qu'on vit. L'agriculture n'est pas un métier... L'agriculture est un mode de vie... jusqu'à ce qu'on en crève.

Si vous ne l'avez pas encore vu, il est sûrement disponible à votre bibliothèque municipale.
Pas vraiment divertissant comme soirée mais... important. Après tout, on mange tous.

dimanche 5 août 2007

Le beau et l'immonde

L'artiste photographe, Chris Jordan a exposé récemment certaines de ses oeuvres au Von Lintel Gallery de New York City... Celle-ci:



Porte la mention:
Plastic Bags, 200760” x 72”Depicts 60,000 plastic bags, the number used in the U.S. every five seconds....
Pour en voir plus

Merci à Renart Léveillé pour avoir passé le mot

Du thym à la farigoule

Notre belle oiselle s'est envolée voilà près d'une semaine.
Elle laisse un vide.
Elle a pris son vol vers sa chaude Provence, notre provençale de wwoofer.
Elle hume maintenant le romarin, la farigoule et la lavande.
Et dans mon champ, il manque sa gentillesse, son authenticité, son entrain et sa force.
Et dans ma basse-cour, son dévouement.
Dans ma famille, il manque un membre.
Elle aura passé 3 mois avec nous. Nous l'aurions gardée avec nous tout le temps.
Si tu lis ces mots, merci pour tout, du petit matin aux petites heures du matin, de la cuisine à la E, en passant par le chalet, le camping et les lacs.
Tu as un chez-toi chez nous.
C'était un privilège de t'avoir, et e t'avoir si longtemps dans l'équipe
Nous te souhaitons tout le meilleur, tu le mérite au grand complet. xxx
en mémoire d'un de ces beaux vendredis festifs...

lundi 30 juillet 2007

HAAAAAAAWWWWWW!

Pas le temps pantoute.
Pas le temps de rien.
et surtout pas de temps pour bloguer.
Pas pour rien que les agriculteurs sont presque absents du web.
Pas le temps jamais!
La moitié de la saison derrière nous.
On prend une grande respiration et on replonge.
On va avoir des légumes! on va avoir des légumes!
On a rêvé de récoltes gargantuesques.
Je pense qu'elles sont à nos portes!

jeudi 26 juillet 2007

Mots de Loup #2

Les journées sont bien remplies.
Elles se terminent tard.
Éreintée, épuisée, les pieds encore pleins de terre, je passe border mon garçon de 5 ans en allant rejoindre mon lit.
Il se réveille à demi et me lance:
"Maman, je veux un verre d'eau bio!"

dimanche 22 juillet 2007

La vie heureuse des petits oiseaux

Qu'ils sont beaux, les petits oiseaux!
La marmaille grandit et à chaque jours, le souvenir des petits poussins qu'ils furent il n'y a pas si longtemps s'estompe. Sans le savoir, ils exhibent magrets et pilons en courant dans l'herbe tendre pour poursuivre un papillon ou un gros taon. Ils ont commencé à s'empiffrer de fanes et de légumes déclassés. Les graines de concombres les rendent fous.



Aux piaillement on succédés les cot cot, glou glou et coin coin. Sympathiques compagnons, on ne peut s'empêcher de les saluer chaque matin.


Notre bien-aimée provençale de wwoofers en prend grand soin depuis le berceau. Et quels soins! le plus bas taux de mortalité infantile jamais inscrit à la ferme. Je l'espionne la wwoofer, le matin. En ouvrant la porte, elle reste là dans l'embrasure à leur placoter celà. Elle leur donne quelques leçons de vie, et des fois, elle hausse le ton. Elle s'éclipse à 4 heure en plein désherbage pour aller nourrir la marmaille, elle les a à l'oeil quand ils sautent la clôture... elle les ramène au bercail en prenant bien soin de ne plus en écraser un (!!!).


notre belle provençale s'envolera vers les vieux pays dans 7 jours...

samedi 21 juillet 2007

Que dalle!

Moment fatidique dans la construction de la cuisine 1 2 3 Soleil!: Couler la dalle.

Les finisseurs de béton que nous avons contactés étaient tous débordés à quelques jours du début des vacances de la construction. Pas de temps pour notre petite dalle. Quand on en a enfin déniché un, il venait sans facture.

Too bad! Les travaux ne pouvaient plus attendre. S a décidé de plonger.

Notre dalle sera artisanale comme le reste, une dalle hand made.

Quelques contraintes, un chauffage sous dalle et une plomberie sous dalle, ajoutaient au défi.



Cher voisin, époux de chère voisine, a mis de côté ses billots à trancher pour se greffer à notre équipe inexpérimentée. À plat ventre, cher voisin s'est assuré que mon plancher soit de niveau. Grâce a lui, le frigo ne roulera pas jusqu'aux toilettes...


Une fois le béton en place, restait à le lisser. S, satisfait s'y est mis...



Jusqu'à ce qu'il se mette à pleuvoir des cordes. La tempête a arraché la structure sensée protéger le nouveau plancher de l'averse, les 2 x 6 revolaient à qui mieux mieux sur la dalle fraîchement coulée. L'équipe détrempée tenaient un polythène à bout de bras afin de minimiser les dégâts. La douche.

C'était vendredi 13

mercredi 11 juillet 2007

Les petits dessous de la certification bio

Lundi, nous déroulions le tapis rouge (brun, en fait) pour l'agente d'inspection de certification biologique. Annuellement, Québec Vrai nous envoie son inspecteur. Cette année, c'était une ravissante inspectrice. Tout y passe. La comptabilité. L'analyse d'eau du puits artésien. Le champ à la loupe, bien sûr. La serre au binoculaire. La chambre froide. Les facturations. Les registres de compostage, d'entretien de la machinerie, de plaintes, de rotation des cultures, de travail du sol, de productivité au champ, de planification des cultures. Les factures de chaux, de semences...

Pour vous expliquer et vous convaincre que les gros dollars que nous alignons pour pouvoir afficher que nos PRODUITS SONT CERTIFIÉS BIOLOGIQUES PAR QUÉBEC VRAI, ce n'est pas de la foutaise, cette visite dure jusqu'à ce que tout y soit passé. Ici, la comptabilité, le devis de production et les registres sont heureusement à date et en l'ordre, malgré l'apparente entropie ambiante. Elle a duré 3 heures d'interrogatoire et d'inspection. Chez certains, que nous ne nommerons pas, ça peut s'éterniser. Les inspecteurs sont tous agronomes. En cas de doutes sur nos pratiques, ils ont le mandat d'effectuer des visites surprises. Comme ferme certifié biologique nous acceptons d'être complètement transparents et de les laisser fouiller partout, même dans le tiroir des soutifs et autres bobettes.

Pour une cinquième année, nous le disons haut et fort:
NOS PRODUITS SONT CERTIFIÉS BIOLOGIQUES PAR QUÉBEC VRAI.
Et au prix que ça me coûte, je le répète:
NOS PRODUITS SONT CERTIFIÉS BIOLOGIQUES PAR QUÉBEC VRAI!

lundi 9 juillet 2007

Loup et l'eau, loup de mer


Un dimanche au lac Écho
Photo de parent... la maman n'a pas résisté à l'envie de la publier....

Il avait plu tout le dimanche...

Une bonne pluie, la nuit passée...
les plantes en avaient bien besoin mais la pluie me rend toute crispée. Contradictoire...
Je l'entendais tapocher sur mon toit de tôle, juste au dessus de ma tête et à l'intérieur, de ma tête, c'était amplifié
J'ai vu dans mes rêves (cauchemars?) mon champ enseveli sous un déluge d'eau.
Mon champ sous la mer, et puis... couvert de neige.
Je criais: les tomates, les tomate!
et essayais de me résonner: les choux kale profiterons d'une petite gelée côté saveur...
La pluie, c'est l'équilibre essentiel mais suite à l'été passé, j'ai gardé un arrière goût de bouette...
J'essaie d'avaler mais j'éructe encore....

samedi 7 juillet 2007

Nouvelles en vrac

Cette semaine, nous avons livrés les premiers paniers de légumes frais aux partenaires de la ferme en ASC. Passer à la récolte était réjouissant pour tous. L'abondance...

Quelques moments de socialisation avec les clients. Malheureusement, nous ne pouvons être présents à toutes les livraisons, trop de temps à l'extérieur du champ. Il y a les anciens qu'on retrouve avec joie et les nouveaux qu'on rencontre avec l'espoir de satisfaire leurs attentes. Après deux mois à évoluer en circuit fermé avec l'équipe de la ferme, ça fait du bien de voir du monde.

Les mardis, nous livrons à Buck'yam. Il y a beaucoup d'enfants qui viennent chercher les légumes de la semaine avec leur parents. Chaque saison il y a quelques tout-petits qui s'ajoutent et des bedons qui s'arrondissent. L'image idyllique de l'agriculture soutenue par la communauté. Des jeux d'eau sont situés à quelques pas. Certains clients qui sont devenus des amis profitent du moment de la collecte du panier pour piqueniquer en famille, les enfants, y compris le mien, s'en donnent à coeur joie, revenant chaque 10 minutes, tout mouillés pour prendre une bouchée de sandwich ou croquer dans le concombre et les radis à peine sortis du panier. Des légumes fraîchement récoltés plein de vie pour nourrir le feu de ces petits corps qui courent sous l'eau.

Après les canicules de juin, juillet est arrivé en fraîcheur. Agréable pour travailler. Les nuits sont particulièrement fraîches. Bon pour les laitues mais ça ralenti quelque peu la croissance de beaucoup de légumes. Ils n'en seront que plus savoureux. Le champ est "glorieux" et je ne me lasse pas de l'arpenter. Tout a bien levé, tout pousse bien, peu de ravageurs nous titillent.... et la clutch du tracteur tient le coup!

Quand à la construction de la cuisine 1 2 3 Soleil! Nous sommes légèrement en retard sur l'échéancier et chère voisine rigole: "As-tu déjà vu ça, toi, un entrepreneur qui respecte l'échéancier?" Nous devions couler la dalle aujourd'hui mais le finisseur de béton s'est désisté à la dernière minute. Ça sera pour cette semaine et après, le fun commence: les murs! le toit! et après le gros fun noir: la céramique, l'aménagement, les couleurs... Nous avons reçu des proposition d'étiquettes pour les produits 1 2 3 Soleil! de notre talentueuse graphiste/designer... C'est beau, c'est excitant, c'est réel... et c'est même pas stressant.

Je suis la plus choyée des fermière avec une équipe de travail en or pur! Je ne pourrais rêver de mieux. On travaille dur et dans la bonne humeur. Et il y même Major Babe qui vient faire son tour une fois de temps en temps pour se faire dorer la couenne en donnant un coup de main ou un coup de binette et en nous faisant la jasette.

La marmaille a commencé a sortir au grand air cette semaine. En passant près de leur parcours, nous ne pouvons nous empêcher de répondre à leurs coin-coins et de sourire en apercevant leurs petits derrière sous un gros plant de bardane, le bec à l'ombre...

vendredi 29 juin 2007

Des vacances! ?

La livraison des paniers commence la semaine qui vient.
L'équipe est excitée à l'idée de passer à une autre étape:
commencer à récolter et à livrer le fruit de notre labeur.

C'est tellement beau dans le champ qu'on a envie de gambader.
De faire de flip flaps.
de chanter GLO OOOOO OOOOO OOOOO RIA!
Au dîner, ça me brûlait les lèvres de leur avouer mon envie qu'on commence par une prière...
Païenne.
Action de grâce.
Ha... c'était bon!
une omelette aux 14 oeufs frais de nos belles poulettes et aux épinards (Monstrueux de Giroflay), une salade de 6 concombres et une salade de 8 tendre laitues boston et de capucines...

Enfin les récoltes commencent...
J'écris ces mots entrecoupés de croquage de radis Shunkyo et de navets Hakurei....
Ceux qui les connaissent comprendrons mon plaisir à le mentionner.

Ha... et puis il y a du vin.

C'Est les vacances!
Cet hiver, un ami a lancé la proposition d'aller camper en fds. J'ai réservé notre site en toute connaissance de cause. Ça n'a aucun sens d'aller en vacance maintenant. Sauf que j'ai pris ma carte de crédit et me suis dit: allez hop! on fait les fous!

Aller camper.... on faisait ça quand on était en ville.
Maintenant... partout est moins rustique que ma campagne profonde.
Mais je me suis dit: il n'y aura pas la vue sur le champ.
Le plus beau champ à mes yeux est aussi celui qui provoque des listes infinies dans ma tête:
Désherber la A1-7, ,
tailler et vaporiser au purin d'orties les tomates,
Ouin. faire un nouveau purin d'orties...
Aller voir où en sont le carottes,
Les derniers haricots ont-ils bien levé?
Greliner la F,
laver les plateaux,
tuteuriser les consombres dans la serre,
Dans la serre... ne pas oublier de vérifier pour les crysomèles, D a signalé une émergence aujourd'hui...
et les doryphore aujourd'hui? Combien? demander à L.
préparer les planches pour semer les carottes de conservation
etc. etc etc.

Aller camper? Complètement désinvolte la fermière!
Aller camper? Obligée!
Il y a un petit garçon de 5 ans qui n'a jamais campé avec ses parents.
Eux qui campaient chaque fin de semaine avant sa naissance.
Moi qui ai passé 7 étés dans une tente en Abitibi.
La solution? le relais!

S est parti après l'omelette et demain fin pm, je réintègre ma tente jusqu'aux récoltes qui commencent, elles, lundi midi.

Hasta la vista, Blond B

Notre provençal de wwoofer s'est envolé hier soir vers sa terre natale.
Il est reparti là où il y a 350 jours de soleil par année
après près de 2 mois passés avec nous à la ferme.
Sa douce, notre provençale, restera encore un mois ici.
Merci B pour les bons moments, les conversations sur l'agriculture, les voyages, Kokopelli, la bouffe... et les divagations tard le soir ou en pleine journée, les bonnes bouffes... et tout le reste!
Avoir des gens comme toi à la ferme, ça nous garde dans le droit chemin.
Ça nous ramène à la tête et dans le coeur les motivations profondes pour s'échiner à 38oC, et continuer à faire le plus beau métier du monde malgré les insectes piqueurs ...
Garde les yeux bien ouverts,
Contourne toujours les rhubarbes avant de descendre les côtes,
Va où ton coeur t'amène, à Paris, Lyon où Marseille...
Garde espoir,
Cottoyer des personnes comme toi, ça rend l'espoir plus rationnel...


Merci!

ET te voilà en photo non autorisée...

lundi 25 juin 2007

Le champ de Mme Kildir

Tout va bien.
Il n'a pas neigé.
L'embrayage du tracteur tient le coup.
Le champ est splendide.
La serre est parfaite.



Nous contrôlons les mauvaises herbes.
Nous nous empiffrons de fraises et de concombres de serre, de laitue et de rappini.
Ça pousse à une vitesse folle.

Employés et wwoofers ont profité de la longue fin de semaine pour guérir leur milles et un bobos.
2 avaient mal dans le dos.
1 avait une indigestion.
1 s'était coupé avec une houe fraîchement affûtée.
1 était bien épuisée (et ce n'est pas moi!).
1 est allé faire le plein avec la parenté et la gentille amoureuse à Victo. Je devine qu'ils ont fait quelques pleins de sans plomb.


Ici, le souper d'équipe du vendredi (moules marinières et pétaques en fausses frites, salade de laitues mélangées et salade de concombres... suivies d'une charlotte... aux fraises!) s'est terminé avec une partie de Risk.


Avec Loup, nous sommes allés faire la tournée de son petit potager à quatre pattes pour observer les jeunes pousses de pois chiches, radis, haricots, maïs...

Une fois partis, nous avons fait la tournée de mon jardin avec ses petite escales:
Croquer des mini radis
Récolter des fraises
Arracher un oignonnet
Grignoter une feuille de chou Kale
Récolter une laitue
Faire la collecte quotidienne des doryphores (Loup insiste pour les garder afin de les tuer lui même, il les noie dans des plats tupperware remplis d'eau dans lesquels il ajoute au gré de ses fantaisies, du dentifrice, du savon, de la sauce soya... il appelle ça faire ses expériences.... ça nous évite de se salir les doigts en les écrabouillant!)


Je voulais lui montrer un nid de pluvier Kildir. Nous nous faisons engueuler depuis des semaines par Mme Kildir #1. Elle nous fait sa grande mascarade, jouant l'oiseau en détresse pour nous mener loin de sa progéniture. Mon champ est une pouponnière pour la famille Kildir au grand complet. J'ai beau leur expliquer que je leur ferai jamais aucun mal et me priverai même de travailler une planche de culture si une jeune famille s'y établit. Rien y fait. On se fait gueuler dessus et on se fait jouer le grand jeu de la victime. Nous étions particulièrement attachés au nid de Mme Kildir #1. Elle s'est établi dans la parcelle C où cette année, nous cultivons les liliacées (famille des oignons) et les ombellifères (famille des carottes), et où conséquemment nous passons beaucoup de temps, dès l'entrée au champ. Le petit nid sommaire a contenu 1, puis 2, puis 3 puis 4 oeufs. Des petits moments d'émerveillement entre deux piqûres de 'frappe à bord': "Eille! c'est rendu à trois oeufs, venez voir cela!"


ET Madame Kildir #1 se mettait à jouer la tragédie grecque.
J'ai eu bien du mal à trouver le nid avec Loup hier. Et je connaissais son emplacement. Parfaitement camouflé. Il ne contenait plus d'oeufs mais un tout petit oisillon apeuré. Juste un. Mme Kildir a livré la performance du siècle du chant du cygne.
J'ai expliqué à Loup qu'on ne pouvait que rester que quelques secondes à l'observer et SURTOUT que nous n'avions aucun droit de toucher ce petit être. Je lui ai expliqué la mascarade de sa maman, Mme Kildir #1 qui fait semblant d'être blessée en se dirigeant loin du nid en espérant entraîner les prédateurs loin de ses bébés. Je lui ai dit que Mme Kildir #1 avait peur qu'il arrive quelque chose à son petit parce que comme toutes les mamans du monde, c'est ce qu'elle a de plus précieux sur terre.
Ce matin, le nid était vide.

vendredi 22 juin 2007

Temps fou

Pour une fois, Météomédia et Environnement Cadada sont d'accord:
on annonce 5 oC cette nuit.
On craint donc un gel ici à la ferme.
Le climat est complètement fou.
Un gel le 22 juin.
On prévoyait aller voir un concert en plein air mais nous resterons ici, au cas où on doive déployer les agrotextiles.
Je tremble

jeudi 21 juin 2007

Pas de prix à Québec

Pour ceux qui se demandent:
ET bien non, nous n'avons rien gagné au Capitole mardi dernier, au Concours Québécois en Entrepreneuriat.
Sauf une belle virée fatigante dans la vieille capitale et une expérience intéressante.
Première fois qu'on disparaît de la ferme en semaine, en pleine saison de production.
Départ mardi am et retour mercredi pm.
J'AI laissé une liste longue comme ça à L super bras droit avec une clé dichotomique:
S'il pleut, vous faites cela, priorité sur cela...
S'il fait beau, alors vous vous consacrez à cela...
J'avais l'impression de sécher des cours.
Une petite culpabilité qui est devenue grande quand on a pas gagné.
Dépenser des sous, perdre du temps pour cet évènement alors qu'avaient lieu les auditions pour la Commission sur l'avenir de l'agriculture ici même, dans ma région.
J'ai quand même beaucoup apprécié me balader dans la vieille ville en plein été plutôt que dans mon champ...

Ah! et puis le truc bizarre, sinon dérangeant, de la soirée: Il y a une femme qui a gagné une couple de prix pour un projet de CRÉMATION D'ANIMAUX DOMESTIQUES... je n'ajoute même pas de commentaires...

dimanche 17 juin 2007

Là où tout est brun avant d'être vert

Je me fais prendre chaque année.
Nous débutons la saison... plantons semons, plantons, semons...
et vers fin mai, au souper, entre deux bouchées, S et moi, satisfaits, constatons:
"Chanceux cette année... il n'y a pas trop de mauvaises herbes!"
Et ça continue comme ça...
On plante, on sème, on plante, on sème et à un moment donné, je me revire de bord pour constater le tapis vert qui rend flous mes beaux rangs organisés.
La panique!
Chaque mi-juin, la même panique.
Le printemps est enthousiasmant, pas un moment pour la panique!

Aujourd'hui, mon garçon Loup (5 ans) et moi avons fait son petit potager personnel.
Cocasse à souhait il sera garni de mini-tournesols (sunny smile), d'une citrouille géante (Atlantic giant), de tomates miniatures à la forme de fraises (Tomatoberry), de mini carottes (mignon), de concombres jamaïcains piquants et grimpants, de pois chiches (winnifred), de haricots grimpants (Scarlet runners), de radis violets (purple plums) et de mini popcorn (Tom Thumb). Ça fait 5 ans que j'y rêve: jardiner avec mon fils...

S est venu le cherche pour sa sieste et j'en ai profité pour une tournée intégrale de mon jardin, un peu plus grand celui là, avec ses 5 acres....
Au souper entre deux bouchées:
"Ouin... C'est bien beau garnir mais là il faut entretenir! la mauvaise herbe est arrivée..."
Et S de répondre:
"Ah? ça y est là? Finalement on ne s'en sauve pas?"

Cette semaine toutes les matinées seront consacrées au désherbage de mon jardin d'Éden.

samedi 16 juin 2007

mon fidèle

Mon chien est mort il y a un an et 17 jours.
Il avait 17 ans.
Nous avions 17 ans de vie commune.
L'an passé il a semé le début de saison à mes cotés.
Marchant dans l'allée tout près de moi.
À notre cadence. Notre cadence de 17 ans de vie commune.
Mon bon chien. Mon ami, mon compagnon.
Je n'en reviens pas à quel point il me manque.

mercredi 13 juin 2007

corvée de tomates en photo roman

Grosse semaine.

Nous verdissons le champ à un rythme effréné.

Tout y passe: tomates, poivrons, piments, cerises de terre, aubergines, morelles, concombres, melons, courgettes et pâtissons, courges...

En début de semaine, nous avons finalisé la corvée de plantation de tomates en pas moins de 1 1/2 journée de travail. Un record!

Pas une mince affaire...

Plus de 1200 plants à sortir de la serre, variété par variété (nous en faisons 25 cette année).

Ensuite elles passent entre des doigts minutieux pour la taille:

Et sont transportées par camion au champ par groupe d'une centaine.

Ensuite marcher les bras pleins, le nez dans les feuilles de tomates reniflant leur odeur incomparable. Travail aisé en début de planche mais les dernières transportées au bout des rangs de 100m laissent passer quelques noms d'oiseaux entre nos lèvres...


Ensuite les planter un à un, bien profondément dans les sillons préparés par S, le tracteur et sa 'patante à gosse' (Il l'a finalement fait lui-même... j'y reviendrai une autre fois...)





Il faisait chaud, le soleil plombait, certains plants avaient la mine basse.

Éreintant... et pourtant, partout où mon regard se posait, des sourires illuminaient nos visages rougis, maculés de terre, humides de sueurs.



Relever la tête en fin de journée pour savourer le travail accompli

Et pour parfaire le tout, une petite pluie en fin de journée pour ragaillardir les petites plantes nouvellement libérées de leur pot...

Le goutte à goutte est installé et près de la moitié sont déjà tuteurisées à l'heure où j'écris ces lignes...

dimanche 10 juin 2007

sur le neutre


Prendre et reprendre des forces.
Je suis sur le neutre et mon tracteur l’est presque, lui aussi.
Les semaines passent comme des tourbillons.
Elles laissent les muscles ankylosés.
La maison sans dessus dessous.
La tête et le frigo vide.
Le dernière s'est en plus terminée par un festin d'oiseaux sacrifiés et une soirée poker avec l'équipe de travail.
Besoin de souligner les fondations qui ont été coulées pour la cuisine 1 2 3 Soleil!
Faire du béton par temps chaud appelle au gatorade
et quand c'est fini, à la fête!
Ça a fini de m'achever.
Quelques heures pour retomber sur nos pieds avant la(les) semaine(s) de sprint qui vient(nnent): planter planter planter.
Tout est prêt pour qu'on finisse de verdir de façon organisée le champ encore bien brun à bien des endroits
Les mauvaises herbes s'occupent du verdissage intégral.
La clutch du tracteur a tenu le coup aujourd'hui pour le buttage des dernières planches de culture. Le minimum essentiel.
On se croise les doigts pour qu'elle tienne le coup encore quelques semaines. Après, nous analyserons la situation. Elle glisse, la clutch. Il faut la changer et cette réparation exige qu'on sépare le tracteur en deux. Ni plus ni moins. Un ouvrage très chérant et qui nous prive de notre grosse bête pendant un bon deux semaines. Ce n'est vraiment pas le moment...

mercredi 6 juin 2007

Vie et mort des petits oiseaux

La marmaille est arrivée!

S est allé les ramasser à la coop avec les woofers, question de les initier à un nouvel aspect de la vie à la ferme. Ils sont revenus tout souriants avec des cartons plein les bras.

ils sont combien? Bien dur de les chiffrer, tous entassés qu'ils sont sous la lumière rouge qui leur sert de maman par les nuits froides qui se succèdent.

Le canetons identiques à Saturnin, les dindonneaux avec leur verrue au dessus du bec, les poussins qui s'empiffrent et les grands oisons avec leur regard curieux.

Comme tous les bébés du monde, ils crient et piaillent au plus fort de leur petit être et ça résonne pas plus loin que ça. Loup veut les prendre entre ses petits doigts et à chaque fois, ça finit par une fiente qui lui dégouline sur les pieds. Ils sont goinfres ces marmots. Pressés de grossir pour pouvoir enfin s'égosiller en plein air et partir à l'aventure, loin de leur lumière rouge, où à leur piaillement succèdera un concert (vacarme?) de Cocorico et de coin coin.

Pour faire place à tout ce petit monde, le ménage s'imposait. Les coqs et les pintades de l'été passé ont dû y passer... S officiait en maître des sacrifices, Poïon était à la plumeuse et L, super bras droit arrachait les chicots. Laska, ma chienne, mangeait les pattes et les têtes. Chacun sa place.

Notre festin aura lieu vendredi.



mardi 5 juin 2007

sous tension, les pieds dans l'eau

Toute cette eau fait pousser de l'angoisse dans mon ventre.

Tendue la farmière.

Après 3 semaines de soleil, un peu de pluie était supportable.

Mais voilà une semaine que ça dure. Faire du ménage dans la grange, fignoler les dernières choses dans la serre, tuteuriser... je ne sais plus quoi leur faire faire, on a même planté des jardinières de fleurs...

La serre est pleine à craquer de transplants prêt à vivre leur vie de légume, prêts à s'exprimer. 1000 plants de tomates, des milliers de crucifères (choux, broco, choux fleur,Bruxelles...), plusieurs centaines de laitues, de céleris ect. Ils attendent et attendent.

C'est le temps, là! Le risque de gel est passé, la mouche du chou a pondu, les clients voudront des laitues dans 25 jours... Les muscles bandés. Le soleil n'a qu'à crier go et on part, les bras pleins de graines et de plantules pour finir de verdir le champ.

en attendant, je nourris mon parasite


lundi 4 juin 2007

En compagnie de Siri et de Lily - L'envoûtement de Lily Dahl de Siri Hustvedt

J'en ai fini avec Lily.
C'est Siri -Hustvedt - qui l'a poussé dans mon lit.
Cette femme -Siri Hustvedt- m'impressionne au plus haut point.
Une fois, je le confesse, dans un moment noir d'hiver sombre, j'ai pris un livre de psycho pop à la bibiothèque. Mon premier. Son titre était assez évocateur: ''Pourquoi les femmes se prennent la tête... : Et comment se rendre la vie plus légère''
J'ai la vague impression que j'étais dans un trou. Noir.
Les 25 pages que j'ai lues en biais étaient pas mal... bof...
Ce que j'en retiens, c'est un exercice: Trouver quelqu'un que j'admire.
J'admire plein de monde pour leurs qualités humaines. Mes frères pour leur fougue et leurs passions, ma belle belle soeur pour son écoute et sa générosité, mon autre belle-soeur pour son pas-compliqué, mes parents pour leur amour du travail et leur curiosité, mon S pour son jugement, MC pour sa diplomatie, D pour sa douceur, Cricri pour son enthousiasme envers l'inconnu...
Mais quelqu'un je j'admire au point de vouloir lui ressembler?????????????????????
Quel bizarre exercice!
Il y a quelques année j'aurais probablement sélectionné un homme: Michael Stipe, David Lynch, Paul Auster, Dan Binkley...
J'ai regardé le plafond longtemps... et j'ai dit tout haut: Siri Hustvedt!
J'avais pourtant pas lu grand'chode d'elle: 'Tout ce que j'aimais' et 'Yonder'
Sauf que tous les deux m'ont laissé la marque d'une intelligence supérieure et parfaitement originale. Quel cerveau!
Or donc, je lis tout Siri en étant séduite d'avance. Pas toujours facile pour un auteur que ce préjugé favorable...
J'en ai finit avec 'L'envoûtement de Lily Dahl'
Pas le meilleur moment de l'année pour ce type de lecture. Je suis crevée le soir après la journée dans le champ. Au lit que je me suis à maintes reprise endormies dans la face de Lily, ces derniers temps.
L'envoûtement de la protagoniste est finalement son entrée dans l'âge adulte, le moment où le regard qu'on porte sur le monde change. Lily, 18-19 ans, a grandi dans une petit bled perdu du Minnesota. Elle y connaît tout le monde. Elle est serveuse dans un café et y sert les gens qu'elle cotoie depuis sa toute petite enfance. Puis, 2 évènements: elle est séduite par un peintre newyorkais et trouve une paire de souliers. Et c'est alors que tout se met à changer autour d'elle. les gens commencent à avoir des comportements étranges. Tout au long, je me disais que ce n'était pas tant les gens qui changeaient mais son regard sur le monde qui perdait sa naïveté. L'atmosphère du livre est 'envoûtante'. Un côté Twin Peaks. Un petit village où on réalise que finalement tout le monde a quelque chose à cacher. D'un peu glauque ou de franchement sordide. Et où parfois les plus repoussants n'ont rien de malsain.

samedi 2 juin 2007

Le Paysage réinventé de Major Babe

Major Babe expose! "un collectif là pas de panique", elle nous a averti.
Son nom n'est pas encore écrit en néon, ni sur broadway...
Mais Major Babe n'a pas besoin de ça des néons, elle est déjà assez éblouissante de même!

Le vernissage avait lieu hier.

Nous avons tout juste eu le temps de se doucher et de se brosser un peu après la journée de travail.
Nous sommes partis en wagonnette. Chargée à bloc. La délégation du terroir qui arrive en ville.

S était au volant, ma chère voisine à ses côtés, la maman de MajorBabe.
Au deuxième rang, Loup mangeait son pain pita à même sa boîte à lunch et riait comme un fou avec L, super bras droit et ma provençale de wwoofer.
Tout derrière, j'étais entre Poïon, fils de chère voisine et frère de Major Babe, et mon provençal de wwoofer.

À 18h00 on a décollé, toutes fenêtres ouvertes, les pneus touchant à peine la garnotte.
DJ Champion, le seul dc qui trainait dans le camion, nous obligeait battre la cadence à 60 bpm qui avec son pied, qui avec sa main, qui avec son menton. À un moment donné, on a chanté "Marie Madeleine a une jambe de bois" mais ça ne répondait pas fort, personne ne savait tous les mots. Poïon a continué à fredonner une obscure chanson à répondre, apprise d'une grand-mère franco-ontarienne, pendant un bon 20 minutes...

Quand on est arrivés à l'exposition, on avait une belle allure, ça ne paraissait quasiment pas qu'on arrivait du champ, sauf pour les petits tas de terre sèche que nos souliers ont laissé un peu partout dans la salle d'exposition. Loup a tout regardé avec attention. Ça fait longtemps que nous le sortons au musée. Celui des Beaux Arts est pour lui aussi amusant que celui des enfants. Mais le Musée de la Nature avec ses vrais os de dinosaures et avec son architecture de vrai château entre dans une autre catégorie...

C'était une toute petite expo, 6 jeunes artiste sur le thème du paysage réinventés. Une ou deux oeuvres chacun. Tout à fait disparates comme styles mais étonnament intégré et harmonieux.
à notre grande fierté, Major Babe avait fait une de ses oeuvres de bouette. "J'suis partie de chez nous avec deux chaudières de terre de mon jardin pis je suis venue pitcher de la bouette sur le mur de la galerie... je me suis amusée comme une enfant sauf pour le bruit des néons: vvvvvvvvvvvvvv". Elle a 'peint' directement sur le mur 4 surfaces bien délimitées mises à part quelques coulisses qui allaient jusqu'au plancher. Avec ses main, avec une bouteille à moutarde, avec une brosse... Nous nous sommes enorgueillis de son absence d'esprit mercantile. Qu'est ce que tu fait si quelqu'un veut t'en acheter une? "Je prends mon petit balais et mon porte-poussière et je lui mets mon oeuvre dans un petit sac avec les instruction comme pour une peinture à numéro". En riant Major Babe m'a raconté que quand on lui a demandé le titre de son oeuvre, la seule réponse qui lui venait en tête, c'est "Ma terre n'est pas sale". C'est Poïon (secondaire 1) qui nous a ébahis en nous sortant tout de go: "c'est un paysage créé à même son essence". BOUCHE LA BÉE, la délégation!


En revenant nous avons fait des détours pour trouver un casse-croûte encore ouvert. On ne s'habitue pas à ce que ça ferme avant 21h00 le vendredi. Nous en avons finalement trouvé un pour finaliser la sortie en mangeant une poutine. Il était 22h00. Dans ma vingtaine, c'était au Rapido à 4h am.
En revenant, Loup a pris mon bras comme toutou pour s'endormir. Je me suis assoupie. Derrière, Poïon parlait d'ACDC à L, Super bras droit, je ne sais pas si je rêvais mais à la fin, j'ai cru entendre qu'il lui en chantait des tounes. En avant, chère voisine racontait à S la petite histoire de chaque paysan dont on croisait la ferme.

Émergence! Le paysage réinventé, Du 1er juin au 5 août 2007

lundi 28 mai 2007

to blog or not to blog - scène 1

ça fait pas longtemps que je m'y suis mise

Au début j'étais assez sereine avec ça.

Là... pas toujours. C'est assez obsessif tout ce blogage....

et il y a une grosse partie de moi qui est mal à l'aise.

Ma motivation initiale était simple.

Depuis que je suis 'fermière de famille', i.e. depuis que je fournis des paniers bio à des gens qui adhèrent à l'agriculture soutenue par la communauté (ASC), j'écris à mes partenaires (clients d'ASC) la feuille de chou, un bulletin hebdomadaire contenant des nouvelles de la ferme, des recettes et des infos sur les légumes du panier.

Je le dis encore une fois... je suis devenue agricultrice sur le tard, ça m'a pris du temps à m'assumer fermière, je n'y connaissais rien et n'y comprenais rien à la campagne. Le fin fond du bois, oui! le centre de la métropole, oui!, mais pas la campagne....

J'ai découvert ici des passions, l'amour du travail, de l'authenticité, la générosité, la camaraderie. J'ai appris qu'en région, on peut faire quelque chose. Le sentiment d'impuissance et la morosité que j'avais laissé grandir en moi, en ville, a peu à peu fait place à l'engagement.

Écrire à ceux qui mangeaient mes légumes allait de soi

Mon cheval de bataille étant de contribuer à tisser des liens entre les préoccupations rurales et citadines. Le monde agricole est en crise sévère, au Québec comme ailleurs. Taux de suicide faramineux des cultivateurs, disparition des fermes à un rythme effarant, taux de stress alarmant, pauvreté, dépression. Et pourtant c'est un métier parmis les plus valorisants...

Je voulais, par ma feuille de chou, à ma mesure, communiquer la beauté et les abhérations de la vie à la ferme, tel que vécus par une néophyte.

D'année en année, j'y ai pris goût. J'ai trouvé de plus en plus de choses à dire. Les commentaires ont été de plus en plus adondants et positifs. et me voilà à bloguer au lieu de me laver le soir... c'est pas vrai... je ne me lavais pas plus avant... sauf que ma terre est propre!

dimanche 27 mai 2007

tout ça pour ça...

à la maison ronde, la porte du sous-sol était restée grande ouverte tout l'hiver.

Au printemps on y a retrouvé des crottes de chevreuils et de porcs-épics.
Quand employés et wwoofers y ont emménagé début mai, ils ont cru bon limiter l'accès du sauvage à l'espace sous leurs pieds. Ils ont fermé la porte.
S s'y est aventuré l'autre jour et a découvert cette merveille de délicatesse, minuscule et parfaite.


Autant de travail accompli par un si petit être... et perdu...
Le petit nid douillet, tissé de brins d'herbe, de mousse et de lichen, tapissé de cheveux et de poils, solidifié à la boue, contenait, oh comble du serrement de coeur!, un oeuf minuscule. Il n'avait pas été couvé depuis des jours, seul dans son écrin. Triste S a apporté sa trouvaille à la maison. Nous l'avons observé avec émerveillement et dépit. Je n'ose pas m'imaginer la détresse des parents incapables de retourner à leur progéniture... En essayant de le prendre entre ses petits doigts, Loup a cassé la coquille de l'oeuf.

Je crois avoir trouvé pourquoi ton oiseau s'époumonne, Mia.... Une perte trop grande pour un si petit être...

samedi 26 mai 2007

C'était le temps des fleurs...

Mon amie P m'a confié un jour qu'elle était un saumon...
Elle s'est expatriée de la métropole pour vivre avec son doux M en région.
mais l'appel de Montréal reste fort.
à l'écouter, j'ai compris que Montréal lui parle de son histoire, tout comme Major Babe qui sortait de la ville l'été passé, pour travailler venir au champ et frayer avec ses souvenirs.
J'aime Montréal. Quand j'y retourne j'ai un petit pincement.
sauf qu'à force de m'asseoir sur les marches de ma gallerie, je me suis ancée dans ma campagne profonde.
J'imagine que pour P, les souvenirs d'enfance se déroulent sur la rue Ste-Catherine.
Ce matin, jour spécial, je me suis remémorée mes plus intenses et archaïques souvenirs de bonheur.
Mon garçon fête son anniversaire fin mai, et depuis que nous sommes ici, nous organisons une fête, simple, une peu bancale comme diraient nos provençaux, mais dans mes souvenirs de saumon, c'est presque come ça que ça se passait.
On partage un repas, les enfants jouent, des parents aussi, on prend un verre, on rie beaucoup, on parle beaucoup, de pas grand chose.. on parle peu. On arrête le temps avec ceux qu'on aime. Dehors. Chez nous.
J'ai vécu ma petite enfance dans une bourgade à la limite du vrai nord. Mon souvenir le plus confortant et qui titille le saumon en moi est une fin d'après midi d'été, au Lac Gatineau. On se retrouvait chez les Houle, avec une couple de familles. Aucune idée de ce que les parents faisaient mais il y avait de la bière, beaucoup de rires et la chanson de Vicky: C'était le temps des fleurs... qui jouait sur le pick up.
Mon souvenir de moi même est de grelotter, assise emmitoufflée dans ma serviette sur le bord de l'eau. Mon frère qui me dit que j'ai les lèvres bleues. Les matelas pneumatiques. Les piqûres de maringouins et les coups de soleil. Sauter du toit du ponton en faisant des 'bombes' oudes 'flattes'. Mon costume de bain speedo avec une feuille d'érable sur la bédaine. Les sangsues qu'on fait agoniser en les saupoudrant de sel. Le 'feeling' de la trace humide dans le divan quand on s'était assis pour jouer à 'Jour de paye' dans le chalet juste en sortant du lac. Boire du Cream Soda. Jouer à boggle sur la plage avec le sable qui trouve son chemin entre la peau et le costume de bain, et qui râcle entre les fesses. S'endormir devant le feu, le soir, sur la serviette encore humide, les cheveux plein de sable. Avec en écho, les parents qui rient trop fort.
Il y a mon grand père aussi. que j'ai trop peu connu. sur le bord du lac. le lac et le bois.
Je suis un saumon. Il me manque juste un lac.

mardi 22 mai 2007

avec un arrière goût de bouette

L'année passée, nous avons eu une saison de merde.
Pas un petit peu de merde. De la grosse grosse merde. Un cauchemar de saison.
Pluies torrentielles à répétition, orages hyper violents, des vents à faire peur, de l'eau de l'eau de l'eau qui n'en finissait plus de nous tomber dessus et de surgir de la terre. Partout tout le temps de l'eau. les légumes ne savent pas nager.
des kilomètres de carottes pourries...
on a travaillé encore plus dur que durant une saison normale pour finalement perdre de l'argent à cultiver. PERDRE DE L'ARGENT, dépenser de l'argent de nos poches. Travailler comme des caves pendant 6 mois, sans dépenser une maudite cenne et se retrouver plus pauvre après. Changer le chèque d'allocation familiale pour payer l'essence de la livraison de légumes.
Se retrouver le cul sur la paille à l'automne avec tellement de questions en tête qu'on arrive plus à réfléchir.
je vous en dis pas plus que ça: 50% de pertes au champ. C'est déjà dur de vivre de l'agriculture quand ça va bien....
ce type de contreperformance est absolument impensable dans tout autre domaine.
On y peut rien, la nature prend le contrôle de notre travail... On est complètement impuissant
ET ça donne un méchant coup dans l'orgueil.
on en sort transformé, comme d'un deuil.
J'en encore au ventre la tension d'un été de nuits d'insomnie
Il n'y a pas si longtemps, une telle saison signifiait la famine. Il n'y a pas si longtemps.
On vit dans une drôle d'époque.
Pour toutes sortes de raisons, nous avons pris la décision de continuer à mettre des petites graines dans la terre cette saison. Malgré bien des choses. Avec nos rêves rafistollés tant bien que mal avec de la broche à foin.

dimanche 20 mai 2007

marcher maladroitement

Je me suis engagée envers moi même il y a longtemps.
J'ai fait le serment de prendre à bras le corps ma vulnérabilité.
D'assumer sans arrêt mon humanité.
très exigeant métaboliquement parlant,
fatigant.
et il y a quelque chose de vulgaire la dedans
Mais sinon... à quoi bon.

samedi 19 mai 2007

la visite qui, par bonheur!, ne décolle pas

Ma campagne est vachement profonde.
Mais des embassadeurs du monde entier nous visitent. Ici même, au fin fond de mon rang.
ça me fait un peu voyager, maintenant que je n'en ai plus le temps, ni l'argent...

Ça s'appelle WWOOF. WWOOF pour willing workers on organic farms.
De que cé? me direz vous.
une société secrète? une gang de freaks? une secte????
meuh non!
WWOOF est une organisation mondiale active dans plus de 70 pays.
De mon coté j'inscris ma ferme comme étant prête à recevoir des bénévoles.
De l'autre coté, des gens, désireux de venir vivre à la ferme et donner un bon coup de main nous contactent et débarquent...
En échange du gîte et de la bouffe, ces joyeux fermiers d'occasion se mettent les mains dans la terre avec nous.
ET c'est là que l'aventure commence!

Tous les âges, toutes les nationalités, toutes les motivations sont bonne pour wwoofer: se mettre au vert, décrocher du quotidien, sauver la planète, faire pénitence, apprendre, vivre l'expérience avant de faire un retour à la terre, voyager pas cher... Name it!
on a eu un couple d'ontariens fin trentaine qui arrivé à vélo et dont une moitié détestait les légumes;
on a eu un couple de gringos intellos, jeune vingtaine, qui parlait à eux deux 11 langues, voyageaient avec une valise pleine d'épices et des saucissons faits mains par un mononcle italien de Sault Ste-Marie, étaient en voyage de noce et pouvaient récolter des haricots 10 heures par jour en parlant de la musique de Françoise Hardy, de post-modernisme et de politique japonaise;
on a eu un pakistanais né musulman parti faire ses études en informatique à Tucson, Arizona, pour ensuite devenir moine bouddhiste dans le nord de l'Ontario;
on a eu la future première ministre du pays, splendide progéniture de la plus haute gomme, qui à 17 ans, parlait avec un jugement et un bagage de connaissances époustoufflants, tricottait le soir et était belle comme une sirène;
Sans parler d'une magnifique saskatchewanaise, qui désherbait en chantant, nous préparait le souper et dont les parents élevaient... des chevaux nains et des paons!

Présentement, nous avons, Oh bonheur! 2 provencaux. Ils sont arrivés avec le projet de rester 1 mois. La semaine passée, ils ont étiré leur projet de séjour d'un mois et voici que tout à l'heure ils manifestaient l'intérêt de rester un troisième mois, soit jusqu'à la fin juillet.
Ils m'en ont informé quand ils sont venus nous offrir un pain pétri dans l'après midi et qui sortait du four et une cruche de vin de pissenlits à faire fermenter dans la maison puisqu'il fait trop frais dans la maison ronde.

Cette maison ronde où ils logent avec les employés est en plein bois. Il n'y a ni eau ni électricité.
Cette drôle de construction (ronde!) qui était déjà sur notre propriété lorsque nous en avons fait l'acquisition. On ne l'a pas choisi mais c'est une super cabane à wwoofers. Nous leur avons installé les commodités de base ailleurs sur la ferme (douche, frigo...). Le site est enchanteur mais c'est quand même de se mettre au vert pas à peu près que de s'y installer.

Un peu confuse de leur imposer un tel isolement, je leur offre de les amener en ville quand je vais faire mon karaté. Aucun intérêt! ils sont comblés là où ils sont à partager notre vie à la ferme... Réjouissant! Je leur ai proposé de nous faire de la bière d'épinette...