mardi 2 octobre 2007

King of the Heirloom

Les Heirloom.
Les légumes du patrimoines.
Vous connaissez?
C'est un bien vaste domaine de connaissance qu'ici à la ferme nous maîtrisons de mieux en mieux...

Mon histoire agricole est bien courte mais celle de mon espèce l'est moins.
L'homo sapiens pratique l'agriculture depuis un bon 10 000 ans (on est pas à mille ans près!) et c'est rapidement que mes ayeux se sont mis à croiser des plantes. L'hybridation n'a rien à voir avec les OGM. L'hybridation c'est notre patrimoine naturel, c'est le fruit du travail et de la connaissance de générations d'êtres humains cultivant la terre pour s'en nourrir.

Des générations et des générations de plantes et d'animaux pour mieux satisfaire des générations et des générations d'êtres humains. Domestiquer les plantes pour qu'elles satisfassent de plus en plus nos besoins, du plus charnel au plus basique. Productivité acrue des parties recherchées de la plantes. Amélioration et diversification du goût et de l'apparence. Adaptation aux conditions locales. Des panoplies de grosseurs, de couleurs, de formes, de goût, de résistances... pour chaque légume. Il n'y a pas si longtemps nos cultures étaient partie intégrale de notre culture.

Puis il y a eu la standardisation: la tomate est ronde et rouge vif (rouge tomate!), de couleur uniforme à la peau lisse, elle pèse 300g...

Dans le sillon de la soupe Campbell's et du ketchup Heinz, qualité est devenu synonyme d'uniformité, les 938 autres variétés de tomates pouvaient bien aller se faire voir, la barbie des tomates avait vu le jour, ferme et bien roulée, le canon de la tomate tel une caricature venait de voir le jour. La tomate, le haricots, la carotte, la courgette, le poivron... presque tous le même sort: après que nos ancêtres en ont eu multiplié presque à l'infini les varités, une poignée d'ancêtre extrêmement récents sont venus effacer les fruits de leur travail pour n'en garder que les plus caricaturaux, les plus productifs, les plus résistants aux pathogènes, ravageurs et conditions climatiques extrêmes from coast to coast.

Heureusement quelques marginaux, quelques résistants qui préfèrent l'histoire en continuité plutôt que par révolutions, continuent de cultiver le concombre de Matante Alice, le maïs des indiens Mandan, la tomate noire d'un ancêtre de Crimée, le blé bleu qui ferait d'un punk le petit prince...

Dès nos début à la ferme, ça a été notre but: avoir accès à toutes cette avalanche de forme, de couleur de goût... Chaque année, je ne peux me résoudre à cultiver moins de 250-300 variétés de légumes, toujours au moins une trentaine de variétés de tomates, une dizaine de variété de courges, une tentaine de variétés de laitues, etc... Par pur plaisir... Par pur bonheur...

Ce ne sont pas tous des heirlooms (d'anciennes variétés de légumes de notre patrimoine) mais beaucoup en sont et il y en a avec qui nous nous acharnons. Le voilà enfin, notre emblême du patrimoine agricole québécois, digne de la soirée canadienne... Après 5 ans d'essais, Le voilà, notre tant attendu, notre vedette. Nous le savourons enfin, le splendide melon de Montréal, gros et sucré à souhait, empireumatique, gourmet et gourmand. Ce melon était cultivé avant, sous l'asphalte du boulevard Descaries et était savourés dans les meilleurs restaurants de New York et de Boston. Il a disparu parce qu'il se conservait mal sur les tablettes. Il voyage mal le gros monsieur. Ici, il voyage du bout du champ jusqu'à nos mains, où d'un coup de couteau, nous l'éventrons directement au champs pour s'en mettre plein la bouche et bénir nos ayeux.