mercredi 19 septembre 2007

De retour en scène

Côté course.
J'ai ralenti la cadence.
Légèrement.
La codéine n'étant pas un stimulant très efficace...
Quand je suis tombée, une équipe d'athlètes bien intentionnés, ayant le fil d'arrivée bien en vue, du souffle et du coeur à revendre ont attrapé le bâton de relais qui me glissait des doigts. Heureusement.
Ils me l'ont rendu la semaine passée. Me l'ont glissé dans la poche parmi les cailloux de Loup, c'est là qu'il entrepose sa collection.
Et j'ai repris la course, mon petit pas cahin caha, le souffle court, la tuque horrible plantée sur la tête, la boîte de mouchoir sous le bras...
Mon équipe... Je n'en parle pas assez... mais au rythme où je blogue et à la quantité de choses qui se passe au champ et dans mon crâne, que voulez vous...
J'y réserve un billet à ma dream team.




Côté jardin.
En mon absence, mon jardin a survécu un premier gel significatif protégé de bâches et de sprinklers.
C'est toujours un stress immense et au fond du coeur, une petite envie de délivrance...
Nous faisons tout en notre pouvoir pour protéger nos belles cultures sensibles au gel mais la saison prendra fin un jour et le temps vient de laisser la récolte quotidienne de haricots, courgettes, pâtissons, tomates, concombres pour se consacrer à vider le champ avant que le sol ne gèle complètement...

dimanche 16 septembre 2007

Ailloille!

Je suis tombée au combat cette semaine.
J'ai pris un panneau de signalisation en pleine bouille.
Et d'aplomb.
Ça faisait pourtant au moins un bon mois et demi que je pouvais le distinguer au loin.
Il devenait de plus en plus gros, plus rouge...
Mais moi, je courrais sous les bombes, le petit Loup sur le dos, des tomates plein les mains, des listes de choses à faire s'envolant de mes oreilles et dans le dos une gourde de vin...
Subjuguée par la végétation m'environnant, luxuriante, enivrante, je n'y ai vu que du feu.
Jusqu'à ce que je le prenne en pleine poire, sur le côté gauche du visage.
Le nez, la joue, l'oreille et la mâchoire ont été touchés.
et Selon le gentil Dr L., quelques éclats se seraient peut-être logés dans les poumons.
2 jours à me vider de mes fluides vitaux, plusieurs litres de sueurs, mucus, bile y ont passés.
La fièvre délirante
La faucheuse qui tournait autour du lit...
"Hors saison!" je lui criais!

Le matin, S se présentait à mon chevets, m'offrant crayon et papier pour noter mes dernières volontés:
  • Soigner oiseaux d'en bas et poules (je l'écris tout le temps même si c'est moi qui m'en occupe le moins ici, je me dis je si quelqu'un oublie, je ne serai pas à blâmer)
  • Irriguer serre
  • Arroser blocs
  • tchèquer melons, récolter butterscotch et goûter crookshaws
  • Assez de maïs #2 pour les paniers?
  • 36 paniers et 1 panier de remplacement pour MP et CG
  • Récolter choux-fleurs graffiti
  • Récolter haricots, tomates courgettes concombres broco...
  • Préparer 200lb tomates pour matante Léonne (11h30)
le crayon me glissât des doigts et je gémis dans un dernier souffle:
-Pour les paniers, allez au plus simple: courgettes, concombres, broco, carottes, laitue, tomates, haricots et mettez les melons s'ils sont bien mûrs et des poireaux qu'il faut commencer à sortir du champs...

et je sombrai dans un autre délire de fièvre de 24h où je revis le panneau de signalisation qui m'a frappé si violemment et si douloureusement...

C'était écrit:

ARRÊT
STOP

jeudi 6 septembre 2007

le sprint du marathonien


Où suis-je?
Où est donc Salette?
Non, Salette n'a pas encore crevé d'être fermière.
Et Salette est encore moins en vacance.
Salette rêve de bloguer mais...

Je suis ensevelie sous une avalanche de tomates, concombres, haricots, choux, courgettes, melons, brocolis, carottes, etc...
Je sors la tête pour respirer quelques minutes avant de m'endormir avec un livre et ensuite m'enfouir dans des rêves aux saveurs de légumes, aux odeurs de légumes, aux images de légumes...

Et je compte...
je fais mes bottes de carottes et je compte les carottes...
et je compte les bottes...
et je compte et je compte et en m'endormant ça compte tout seul dans ma tête...

La saison de maraîchage est un marathon.
À mi-saison, la fatigue nous prend. Les crampes se pointent. Le souffle est court.
Et c'est là qu'il faut sprinter.

Récolter tout ce que le jardin nous offre, sans négliger l'entretien de no belles plantes, vendre le maximum et conserver les surplus.


Quand je ne suis pas en train de récolter, couper, tirer de la terre, cueillir les fruits, botteler, laver, peser, compter et ranger dans la chambre froide, j'emmagasine.
La cuisine de transformation avance mais n'est pas encore prête...
Les tomates elles le sont.
Tout comme bien d'autres occupants de mon jardin.

Ça me hante...
Les cornichons, les tomates, les brocolis, les haricots qui s'accumulent
Alors, le soir je conserve.
Le mercredi, je conserve.

Des sprints de fous.
J'en suis à 214 L de tomates, en pots stérilisés sur du temps volé à mon sommeil et à mon garçon, à 74 pots de cornichons à l'aneth de 1L, à 5 boisseaux de haricots blanchis et congelés, à 38 choux fleurs blanchis et congelés, tout comme les 57 brocolis...
Ne rien perdre de cette avalanche de bonheur...
Ah! Et puis il y a eu la rentrée scolaire de mon petit avec le petit lunch, le gros sac à dos, la petite maternelle, le gros autobus jaune et l'avalanche d'émotions...
Et puis, il y a eu le premier gel avec la nuit blanche, les agrotextiles et les sprinklers...
Je savoure et en même temps
J'espère la ligne d'arrivée