mercredi 8 août 2007

Moi, Paysanne


L'autre soir, j'ai revisionné le documentaire de Ève Lamont, PAS DE PAYS SANS PAYSANS.

Bon, ce n'est pas parfait, structure en broche à foin, montage au rateau, voix off de fond de tracteur... mais toujours aussi important et pertinent comme propos. Et on en parle jamais, nulle part.... De ça... de nous... De la production de la nourriture que l'on mange tous... et de nous, agriculteurs qui, fourche à la main, alimentons nos fourchettes.

Je l'ai écouté avec L super bras droit et ma provençale de wwoofer, alors ça prenait une autre dimension. Situer ensemble notre travail quotidien dans le contexte actuel, québécois et mondial. Aux premiers visonnements, ce film m'a laissé les yeux rougis et un gros moton dans le gorgotton. Depuis que je vis la transition de trendy citadine à farmière profonde, j'ai passé par beaucoup de phases: le choc de la réalité agricole, la négation, la révolte, la crise et l'envie de crier sur tous les toits, le désespoir... ce soir là, j'ai réalisé que je suis passée à une autre étape: la résignation. L'écoeurement de la situation et le désarroi du politique.

Je savoure chaque jour à la ferme comme si c'était le dernier. Je me dis que planter mes petites graines et produire de la nourriture que je veux belle, saine et savoureuse pour mes concitoyens, c'est ma révolte. Et je suis lucide malgré Lucien, je sais bien que je ne pourrai peut-être pas continuer comme ça. Je me dis que je me paye un trip en rêvant toutes les nuits de refaire un vrai voyage. Voyager comme avant... Travailler comme des fous et tirer le diable par la queue tout en vivant dans la même société que les autres. Je suis utopiste mais je suis fidèle. Mes anciens goûts ne m'ont pas quittée parce que j'ai quitté la ville pour la campagne profonde. La culture me manque avec tout ce qu'elle a de beaux et de pervers: le théatre, le cinéma, la musique, les musées, et la mode, les soins de beauté, le bon vin, les restos, la consommation et encore la consommation...

J'aime profondément mon travail et quand on est pas trop dans le rouge, j'oserais même dire, Oh Obsénité! que je suis heureuse

Suite à ce revisonnement, J'ai aussi très viscéralement réalisé à quel point je suis chanceuse parce que, 2ième obsénité: j'habite au paradis

Dans le docu, Mme Lamont, dresse un portrait bien peu reluisant de l'agriculture actuelle et prête le micro à des paysans d'un peu partout. Ici sur mon chemin de garnotte, je suis au paradis, entourée d'une nature belle et généreuse et de voisins paysans authentiques. Aucun n'est bio mais tous travaillent à dimension humaine, de façon traditionnelle. Bien loin de ce qu'est devenue la 'vraie' agriculture. Au quotidien, je ne suis confrontée à aucun OGM, aucun élevage de type camp de concentration... pas d'agrobusiness autour de moi. De la paysannerie naturelle, traditionnelle, qui va de soi! Et le meilleure la dedans, c'est que je suis la seule qui a fait un retour à la terre, mes voisins pratiquent l'agriculture parce que c'est comme ça qu'on vit. L'agriculture n'est pas un métier... L'agriculture est un mode de vie... jusqu'à ce qu'on en crève.

Si vous ne l'avez pas encore vu, il est sûrement disponible à votre bibliothèque municipale.
Pas vraiment divertissant comme soirée mais... important. Après tout, on mange tous.

dimanche 5 août 2007

Le beau et l'immonde

L'artiste photographe, Chris Jordan a exposé récemment certaines de ses oeuvres au Von Lintel Gallery de New York City... Celle-ci:



Porte la mention:
Plastic Bags, 200760” x 72”Depicts 60,000 plastic bags, the number used in the U.S. every five seconds....
Pour en voir plus

Merci à Renart Léveillé pour avoir passé le mot

Du thym à la farigoule

Notre belle oiselle s'est envolée voilà près d'une semaine.
Elle laisse un vide.
Elle a pris son vol vers sa chaude Provence, notre provençale de wwoofer.
Elle hume maintenant le romarin, la farigoule et la lavande.
Et dans mon champ, il manque sa gentillesse, son authenticité, son entrain et sa force.
Et dans ma basse-cour, son dévouement.
Dans ma famille, il manque un membre.
Elle aura passé 3 mois avec nous. Nous l'aurions gardée avec nous tout le temps.
Si tu lis ces mots, merci pour tout, du petit matin aux petites heures du matin, de la cuisine à la E, en passant par le chalet, le camping et les lacs.
Tu as un chez-toi chez nous.
C'était un privilège de t'avoir, et e t'avoir si longtemps dans l'équipe
Nous te souhaitons tout le meilleur, tu le mérite au grand complet. xxx
en mémoire d'un de ces beaux vendredis festifs...