mardi 20 février 2007

Mon chien est mort

Mon fidèle compagnon canin s'est éteint au printemps dernier à l'âge fort vénérable de 17 ans. C'est mon grand frère, A, qui l'avait adopté. La première année, je le gardais pour dépanner. Puis, nous avons habité tous les trois. C'est devenu mon chien un premier juillet, pendant le grand jeu annuel de chaise musicale montréalais, quand tout le monde change d'apartement sauf les quelques uns qui restent sur le trottoir.
Il s'appellait Cowboy. Il est arrivé dans nos vies avec son nom, on n'y pouvait rien. Il y répondait déjà et je vous mets au défi de trouver un nom racé finissant par oille.
Même si elle prétendait le contraire, ma mère l'aimait beaucoup bien qu'elle trouvasse son allure commune et son nom vulgaire. Quand pour me dépanner elle le gardais, elle le promenais sans laisse en prétendant qu'il n'était pas avec elle. Elle évitait de prononcer son nom en public mais dans l'intimité elle l'appellait 'mon beau boboille'.
Quand Cowboy est mort, mon garçon Loup venait tout juste d'avoir 4 ans. Contrairement à nous, Loup est un vrai fermier et sa relation avec la nature et avec la mort est nécessairement fortement impreignée de la vie à la ferme. Devant le cadavre de mon compagnon, Loup a tout bonnement proposé qu'on le mange pour souper.

dimanche 18 février 2007

graines à faire jouir...

Pour moi, un moment fort de l'année est celui de la sélection des variétés qui seront cultivées à la prochaine saison. Après les fêtes, les catalogues des semenciers commencent à remplir notre 'boîte à malle'. Pendant 2 mois, on les trouve partout dans la maison... et surtout dans la salle de bain... La principale raison pour laquelle je pratique l'agriculture, c'est pour goûter à toutes ces nouveautés... et resemer les variétés qui me font chavirer... Il existe plus de 800 variétés de tomates! Chaque espèce de légume existe en une panoplie de formes, couleur, texture, goût, grosseur... C'est tellement excitant qu'à chaque année je n'arrive pas à me résoudre à planter moins de 200 variétés différentes. La première année, j'avais entre autres essayé 32 variétés de tomates; l'an passé, 17 variétés de melon... des dizaines de carottes différentes, des concombres chinois de 20'', arméniens poilus, l'irrésistible radicchio rose Tauro, la laitue Anuenue, la mâche, le Shungiku... ça me rend frénétique!
Dans les dernières décennies, l'industrie a scandaleusement mis au rancart un nombre incalculables de variétés ancestrales. On s'est mis à ne sélectionner les nouvelles variétés de légumes uniquement en fonction de qualités telles que la durée de conservation des légumes, leur capacité à voyager, la fermeté, l'uniformité, la productivité...
En oubliant l'essentiel: la beauté et la saveur!
Quel crime contre notre histoire! des variétés mises au point par des générations et des générations de jardiniers ont été littéralement ballayées de la surface de la planète... des codes génétiques harmonieux disparus!

samedi 17 février 2007

Le plan B: cuisiner nos légumes

Nous rencontrons Mme B de la Financière Agricole mardi. Nous serons alors fixés. Depuis un an, je travaille sur un projet de transfo: contruire une cuisine pour y popoter mes légumes qu'on vendrait en prêt-à-manger. Depuis que l'on a acheté la ferme que ce projet était dans l'air. Après 4 dures années de labeur à vivoter en faisant exclusivement de l'agriculture, j'ai lancé le projet et rédigé le plan d'affaire. Depuis ce printemps, il a fait son petit bonhomme de chemin. Je suis allée arracher les subventions une par une. Stratégiquement: de la plus facile à la plus difficile. Il n'en reste plus qu'une et nous devrions avoir une bonne idée de la réponse mardi. Je n'ai jamais crû complètement que cela allait se réaliser. Après l'été diluvien de 2006, j'étais si épuisée de ma vie de fermière, physiquement et moralement, que j'étais sur le point de tirer ma révérence. Je voyais mon rêve avorté. Mon labeur acharné et désintéressé, effacé. Ces années de sacrifice matériel, inutiles. J'avais entrepris des démarches pour me dénicher un emploi, retourner dans un bureau... Je m'étais résignée à avoir un emploi 'd'adulte' dans un bureau, assise à l'air climatisé de 9 à 5. La fonction publique étant ce qu'elle est, les délais d'attente de réponse pour les offres d'emplois sont interminables (et terriblement angoissant étant donné l'interface informatisé... mais ça, c'est un autre sujet!). En attendant de savoir si j'ai THE JOB, j'ai continué à faire avancer le projet de transfo. Et voilà que tout se réalise. Nous en sommes même à magasiner poêle et robot culinaire. J'avoue que le sentiment est puisssant quand on se retrouve face à une de ces magnifique cuisinières au gaz, 6 brûleurs, quand on magasine les chaudrons de 50L, les mixettes à l'allure de marteau piqueur et les robot culinaires qui vous tranchent un rang de carottes de 100m en petits cubes en moins de temps qu'il en faut pour commander les semences... J'ai été chercher des chartes de couleurs sico et pendant une heure avec mon petit Loup (mon fils de 4 ans), on a imaginé la cuisine de nos rêves, plus grande que nature, avec des comptoirs et des éviers-cuves en 'stainless steel'...
Je commence à y croire sérieusement...
étrangement, mon insomnie est inversement proportionnelle au niveau de concrétisation du projet.
Mardi... mardi, nous saurons si 123 Soleil! restera dans le domaine du rêve ou si les mois qui viennent seront complètement fous!

mercredi 7 février 2007

La dictature de l'embryon

'Avoir un enfant a changé ma vie'
Ce truisme a pris chez moi des proportions que je n'aurais pu prévoir
Un embryon de révolutionnaire
Avant qu'il habite dans moi...
je travaillais sur ma thèse, j'allais au travail en vélo, je faisais plein de fric, je fréquentais immodérément les restos, je m'entraînais aux arts martiaux, j'achetais plein de livres que je n'avais pas le temps de les lire, plein de pots de crème Clarins que je n'arrivais pas à finir, je prenais des marches sur Mont-Royal et sur St-Denis, je me tapais tous les épisodes de Twin Peaks en rafale, j'allais prendre un verre avec des amis à pied levé, et j'avoue que des fois, je jouais à des jeux sur l'ordi jusqu'à avoir des crampes dans les doigts, je quittais Montréal la fin de semaine pour aller camper dans quelques forêts question de se ressourcer en nature...
et puis voilà,
il s'est posé là et nous avons décidé de changer de vie...

mardi 6 février 2007

sacrifice ligneux pour hiver frette

il fait froid, l'air se faufile au travers des murs dans ma cabane.
on a dû abattre le vieil orme pour se chauffer
question aussi de voir ce qu'il avait dans les trippes,
Pas de surprise: c'est la maladie hollandaise qui l'a achevé
C'est triste qu'il ne soit plus là, se dressant avec majesté derrière la grange
au moins son sacrifice nous permet de se chauffer un peu
merci vieille branche