jeudi 22 novembre 2007

mon long chemin, tout blanc de neige blanche

Depuis presque un mois, tous les matins, je quitte ma tanière isolée pour retrouver mon poste de travail, dans la foule. De rat des champs, je passe à rat des villes. Pour cela, je dois parcourir un nombre honteux de kilomètres. Durant la majeure partie du trajet, j'arpente ma campagne, je salue mes voisins qui montent sur leur tracteur ou qui, depuis peu, sortent leur souffleuse. J'imagine mon bolide sur une carte géographique, engloutissant des km. Arrivée en ville, ma cadence passe de pas de géant à pas de souris. Jean dit je prends mon rang comme les autres, dans la file des voitures.
Depuis quelques jours, un peu plus chaque matin, mon chemin de garnotte blanchi. Pas de sel ni de gadoue dans ma campagne, juste un tapis blanc, bien épais, une grosse moquette qui feutre nos pas. Nous chaussons nos pneus à crampons. Nous attendons que la gratte ait passé pour attaquer la route. Et parfois, malgré les crampons, malgré la gratte, nous sommes forcés de nous encabaner. Ma campagne souvent si colorée prend des allures de photo noir et blanc. La forêt devient dentelle sur fond noir. Des volutes de fumée de poêle s'élèvent au-dessus des maisons. Les traces de pas, en relief dans la neige, trahissent les allées et venues des animaux, petits et grands.
Mon chemin est rempli de spectacles chaque jour renouvellé.
Et pour ce qui est de la partie pare-choc à pare-choc, quelques bons cd arrivent à faire oublier l'absurdité de la situation et le temps perdu à produire des gaz à effet de serre. En compagnie de Rachid Thaha, Xavier Caféine, DJ Champion, David Byrne (...), c'est la fête dans l'habitacle et entre deux 'tounes' j'ai le temps de me mettre du rouge à lèvre.
Après avoir garé mon carosse, je finalise le trajet à pied.
J'ai vite réalisé que mes grosses 'sorel' trahissent mes origines. Que je doit parfaire mon déguisement.
Il faut que je m'achète des bottes...

1 commentaire:

Anonyme a dit...

C'est en lisant un article de la brillante journaliste Rima ElKouri que j'ai pris connaissance de vos rêves de campagne.. Lire sur votre cheminement de couple, de famille m'a touché.. Vousn amenez l'idée d'accessibilité du rêve, de retour aux besoins de base: Just V-I-V-R-E ! Merci ce fut pour moi une bouffée d'air qu'on aimerait durable..Comme écrivait mon père : "la ville tue"...de la campagne on renait à la vie, à la nature des êtres, des choses et de l'espace. Belle continuation ! Vive l'esprit de famille ! so cute..