vendredi 4 mai 2007

ZEN, le jardinage? Équilibrée, la jardinière?

Ma vie est schizophrène.
Je vis la maniaco-dépression saisonnière propre à bien des maraîchers...
AU printemps, c'est la frénésie, les projets, la naissance...
L'amorce de la saison avec toutes ses promesses de fertilité et de récoltes gargantuesques, avec ses sachets de semences qui nous font fantasmer de festins bucoliques, ses nouvelles résolutions et ses plans de fous...
L'été est marathon. 3 mois à force maximale. Dans le tapis. du 70h/semaine au meilleur de nous même. NON STOP. Le travail, le dépassement, la fête aussi puis viennent et s'amplifient les récoltes.
Le manque de temps pour savourer tout ce que la terre a à nous offrir.
Le 38 portions de légumes par jour.... empoigner une tomates parmis les 35 variétés (à l'instant même, celle dont je rêve est une grosse Cherokee Purple), sous la main chaude de soleil et gorgée de vie, y enfoncer les dents, et l'eau de végétation qui coule sur le menton, une bouchée, 2 bouchées et puis hop, une petite pratique de lancer jusqu'au fossé de draînage, la bouche étant courtisée par un petit cornichon Boothby Blonde....

Le son de carottes qu'on tire de la terre, cloc... le je ne sais quoi d'épicé dans la carotte Dragon, et le croustillant de la belle grosse Touchon. Tôt le matin, la tendre laitue et les feuilles de fenouil....
Les bébés pois sucrés sortis d'une illustration de livre pour enfant, d'un vert surnaturel qui craquent sous la dent... La récolte des haricots avec 1/10 qui finit dans le gorgotton...crouc... Le maïs qu'on casse, qu'on déballe et dans lequel on mort à grandes dents

La lame de l'opinel qui tranche un melon Rayyan et l'odeur empireumatique de la chaire tiède... Les doigts qu'on lèche, la lame qu'on essuie sur le pantalon...
Puis arrive l'automne, le soleil qui nous fausse compagnie, le froid qui nous rentre au corps, laver les légumes les mains dans l'eau glacée, habillés comme la chienne à Jacques avec la goutte au nez, descendre au champ quand il fait noir le matin en bottes sorel et en combines... le besoin viscéral de cuisiner, d'emmagasiner. Le premier gel qui a l'effet d'un choc électrique, les petits gels qui se succèdent. La fatigue qui s'amplifie et l'envie subite d'un bon gros gel pour que ça finisse pour enfin s'encabaner...
Et la fatigue totale qui s'installe. La fatigue totale.
La remise en question. les nuits d'insomnies. Les sudokus en pyjama, le ménage de 6 mois de pas pantoute, les excès de bouffe et de vin, les bourrelets qui se pointent et les pantalons qui serrent, le blog démarré sur internet à basse vitesse, les demandes d'emplois... jusqu'à ce que se pointe la folie du printemps...
SCHIZO!

Tout ça pour dire qu'après 5 mois dans ma cabane,
J'ai (entre autre) bêché et greliné (joli mot! pasé la grelinette si vous préférez...) la vieille serre au complet cette semaine. TU SEULE! Question de réveiller mon corps endormi. PIS
J'ai mal partout et je me sens comme Karaté kid...

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