jeudi 7 février 2008

l'hiver maraicher

Il y a du monde qui pense qu'on se la coule douce l'hiver.
Il y même du monde qui pense qu'on part en voyage.

Une fois, lors du dernier jour de marché de la saison, alors que le nez rougi et les doigts tout blancs de froid, je rendais son change à une fidèle cliente en lui souhaitant un bon hiver, elle m'a lancé:
"là, vous autres, vous allez avoir des vacances bien méritées... vous travaillez tellement fort... Vous partez dans le sud, l'hiver?"

Le cher Renart s'est lui aussi déjà questionné à ce sujet.

Le comportement hivernal des maraîchers constitue, je crois une "enigue"?
Chose sûre, il en "intrigme" plus d'un.

Tout le monde sait que ceux qui ont des vaches à lait travaillent 365 jours par année.
EUX AUTRES y travaillent fort!
et en arrivant à la ferme, j'ai mis le point sur la table - je ne veux pas d'animaux parce que l'hiver je veux être capable de partir en voyage.
Ça c'était AVANT, alors que je pensais comme bien des gens que les maraîchers se la coulent douce l'hiver, et que des fois, même, ils partent en voyage...

à date, Personnellement,
je n'ai jamais entrevu la moindre possibilité d'aller me balader dans les tropiques, de me bercer dans un hammac ou encore de m'enfoncer dans une grotte pour y hiberner, toute blottie entre deux ours entre deux saisons au champ

Je n'irai pas jusqu'à dire que nous travaillons autant l'hiver que l'été, ce serait nettement exagéré... et démesurément épuisant
mais nous ralentissons à 37.5h semaine, et ça s'approche de la dolce vita...

Depuis notre arrivée en campagne profonde, on a profité des hiver pour terminer une thèse de doctorat et pour travailler à l'extérieur de la ferme, question de payer notre gros train de vie fermier... parce qu'on ne niaise pas avec la poque: on roule en tracteur, on achète des semences en grosses quantités, et nous payons nos employés quand ils ne sont pas bénévoles...

ET il faut comprendre que la saison maraichère ce n'est pas de juin à septembre...
La saison maraîchère se termine avec le mois de novembre avec les dernières récoltes, le ménage du champ et l'entreposage. On profite de décembre pour prendre un bain, nettoyer la maison et faire la comptabilité de la compagnie, les T4, payer les factures qui s'accumulent pendant que nous sommes au champ. En janvier le temps vient le temps de planifier la saison- quels sont nos besoins, combien de m de haricots jaunes, verts, bourgogne, combien de plants de tomates, et ça ca donne combien de g de graines, on en est où dans la rotation, combien de fois les gens de panier auront du brocoli, les panais se vendent bien à Ottawa, faudrait en faire un peu plus...

Puis il faut époussetter la publicité pour les paniers, recruter nos ''partenaires'' de paniers et expliquer d'innombrables fois au téléphone ''comment ça marche, les paniers'', participer à des comités de marché solidaire, de marché public, de l'UPA, de sélection de ferme recipiendaire du prix Érard Séguin, faire le choix et les commandes de semences... pour entâmer la production de transplants en février... et ça repart...

À travers tout cela, cette année, nous finissons de finir de construire notre cuisine 1 2 3 Soleil!
Nous en sommes à poser le gypse et bientôt la céramique

Mes lectures ces temps-ci tournent autour de Johnny's selected seeds et Biaugerme, alors que S se pâme devant de belles poulettes ...

1 commentaire:

Renart Léveillé a dit...

Merci Salette, je vais me coucher moins niaiseux!