vendredi 29 juin 2007

Des vacances! ?

La livraison des paniers commence la semaine qui vient.
L'équipe est excitée à l'idée de passer à une autre étape:
commencer à récolter et à livrer le fruit de notre labeur.

C'est tellement beau dans le champ qu'on a envie de gambader.
De faire de flip flaps.
de chanter GLO OOOOO OOOOO OOOOO RIA!
Au dîner, ça me brûlait les lèvres de leur avouer mon envie qu'on commence par une prière...
Païenne.
Action de grâce.
Ha... c'était bon!
une omelette aux 14 oeufs frais de nos belles poulettes et aux épinards (Monstrueux de Giroflay), une salade de 6 concombres et une salade de 8 tendre laitues boston et de capucines...

Enfin les récoltes commencent...
J'écris ces mots entrecoupés de croquage de radis Shunkyo et de navets Hakurei....
Ceux qui les connaissent comprendrons mon plaisir à le mentionner.

Ha... et puis il y a du vin.

C'Est les vacances!
Cet hiver, un ami a lancé la proposition d'aller camper en fds. J'ai réservé notre site en toute connaissance de cause. Ça n'a aucun sens d'aller en vacance maintenant. Sauf que j'ai pris ma carte de crédit et me suis dit: allez hop! on fait les fous!

Aller camper.... on faisait ça quand on était en ville.
Maintenant... partout est moins rustique que ma campagne profonde.
Mais je me suis dit: il n'y aura pas la vue sur le champ.
Le plus beau champ à mes yeux est aussi celui qui provoque des listes infinies dans ma tête:
Désherber la A1-7, ,
tailler et vaporiser au purin d'orties les tomates,
Ouin. faire un nouveau purin d'orties...
Aller voir où en sont le carottes,
Les derniers haricots ont-ils bien levé?
Greliner la F,
laver les plateaux,
tuteuriser les consombres dans la serre,
Dans la serre... ne pas oublier de vérifier pour les crysomèles, D a signalé une émergence aujourd'hui...
et les doryphore aujourd'hui? Combien? demander à L.
préparer les planches pour semer les carottes de conservation
etc. etc etc.

Aller camper? Complètement désinvolte la fermière!
Aller camper? Obligée!
Il y a un petit garçon de 5 ans qui n'a jamais campé avec ses parents.
Eux qui campaient chaque fin de semaine avant sa naissance.
Moi qui ai passé 7 étés dans une tente en Abitibi.
La solution? le relais!

S est parti après l'omelette et demain fin pm, je réintègre ma tente jusqu'aux récoltes qui commencent, elles, lundi midi.

Hasta la vista, Blond B

Notre provençal de wwoofer s'est envolé hier soir vers sa terre natale.
Il est reparti là où il y a 350 jours de soleil par année
après près de 2 mois passés avec nous à la ferme.
Sa douce, notre provençale, restera encore un mois ici.
Merci B pour les bons moments, les conversations sur l'agriculture, les voyages, Kokopelli, la bouffe... et les divagations tard le soir ou en pleine journée, les bonnes bouffes... et tout le reste!
Avoir des gens comme toi à la ferme, ça nous garde dans le droit chemin.
Ça nous ramène à la tête et dans le coeur les motivations profondes pour s'échiner à 38oC, et continuer à faire le plus beau métier du monde malgré les insectes piqueurs ...
Garde les yeux bien ouverts,
Contourne toujours les rhubarbes avant de descendre les côtes,
Va où ton coeur t'amène, à Paris, Lyon où Marseille...
Garde espoir,
Cottoyer des personnes comme toi, ça rend l'espoir plus rationnel...


Merci!

ET te voilà en photo non autorisée...

lundi 25 juin 2007

Le champ de Mme Kildir

Tout va bien.
Il n'a pas neigé.
L'embrayage du tracteur tient le coup.
Le champ est splendide.
La serre est parfaite.



Nous contrôlons les mauvaises herbes.
Nous nous empiffrons de fraises et de concombres de serre, de laitue et de rappini.
Ça pousse à une vitesse folle.

Employés et wwoofers ont profité de la longue fin de semaine pour guérir leur milles et un bobos.
2 avaient mal dans le dos.
1 avait une indigestion.
1 s'était coupé avec une houe fraîchement affûtée.
1 était bien épuisée (et ce n'est pas moi!).
1 est allé faire le plein avec la parenté et la gentille amoureuse à Victo. Je devine qu'ils ont fait quelques pleins de sans plomb.


Ici, le souper d'équipe du vendredi (moules marinières et pétaques en fausses frites, salade de laitues mélangées et salade de concombres... suivies d'une charlotte... aux fraises!) s'est terminé avec une partie de Risk.


Avec Loup, nous sommes allés faire la tournée de son petit potager à quatre pattes pour observer les jeunes pousses de pois chiches, radis, haricots, maïs...

Une fois partis, nous avons fait la tournée de mon jardin avec ses petite escales:
Croquer des mini radis
Récolter des fraises
Arracher un oignonnet
Grignoter une feuille de chou Kale
Récolter une laitue
Faire la collecte quotidienne des doryphores (Loup insiste pour les garder afin de les tuer lui même, il les noie dans des plats tupperware remplis d'eau dans lesquels il ajoute au gré de ses fantaisies, du dentifrice, du savon, de la sauce soya... il appelle ça faire ses expériences.... ça nous évite de se salir les doigts en les écrabouillant!)


Je voulais lui montrer un nid de pluvier Kildir. Nous nous faisons engueuler depuis des semaines par Mme Kildir #1. Elle nous fait sa grande mascarade, jouant l'oiseau en détresse pour nous mener loin de sa progéniture. Mon champ est une pouponnière pour la famille Kildir au grand complet. J'ai beau leur expliquer que je leur ferai jamais aucun mal et me priverai même de travailler une planche de culture si une jeune famille s'y établit. Rien y fait. On se fait gueuler dessus et on se fait jouer le grand jeu de la victime. Nous étions particulièrement attachés au nid de Mme Kildir #1. Elle s'est établi dans la parcelle C où cette année, nous cultivons les liliacées (famille des oignons) et les ombellifères (famille des carottes), et où conséquemment nous passons beaucoup de temps, dès l'entrée au champ. Le petit nid sommaire a contenu 1, puis 2, puis 3 puis 4 oeufs. Des petits moments d'émerveillement entre deux piqûres de 'frappe à bord': "Eille! c'est rendu à trois oeufs, venez voir cela!"


ET Madame Kildir #1 se mettait à jouer la tragédie grecque.
J'ai eu bien du mal à trouver le nid avec Loup hier. Et je connaissais son emplacement. Parfaitement camouflé. Il ne contenait plus d'oeufs mais un tout petit oisillon apeuré. Juste un. Mme Kildir a livré la performance du siècle du chant du cygne.
J'ai expliqué à Loup qu'on ne pouvait que rester que quelques secondes à l'observer et SURTOUT que nous n'avions aucun droit de toucher ce petit être. Je lui ai expliqué la mascarade de sa maman, Mme Kildir #1 qui fait semblant d'être blessée en se dirigeant loin du nid en espérant entraîner les prédateurs loin de ses bébés. Je lui ai dit que Mme Kildir #1 avait peur qu'il arrive quelque chose à son petit parce que comme toutes les mamans du monde, c'est ce qu'elle a de plus précieux sur terre.
Ce matin, le nid était vide.

vendredi 22 juin 2007

Temps fou

Pour une fois, Météomédia et Environnement Cadada sont d'accord:
on annonce 5 oC cette nuit.
On craint donc un gel ici à la ferme.
Le climat est complètement fou.
Un gel le 22 juin.
On prévoyait aller voir un concert en plein air mais nous resterons ici, au cas où on doive déployer les agrotextiles.
Je tremble

jeudi 21 juin 2007

Pas de prix à Québec

Pour ceux qui se demandent:
ET bien non, nous n'avons rien gagné au Capitole mardi dernier, au Concours Québécois en Entrepreneuriat.
Sauf une belle virée fatigante dans la vieille capitale et une expérience intéressante.
Première fois qu'on disparaît de la ferme en semaine, en pleine saison de production.
Départ mardi am et retour mercredi pm.
J'AI laissé une liste longue comme ça à L super bras droit avec une clé dichotomique:
S'il pleut, vous faites cela, priorité sur cela...
S'il fait beau, alors vous vous consacrez à cela...
J'avais l'impression de sécher des cours.
Une petite culpabilité qui est devenue grande quand on a pas gagné.
Dépenser des sous, perdre du temps pour cet évènement alors qu'avaient lieu les auditions pour la Commission sur l'avenir de l'agriculture ici même, dans ma région.
J'ai quand même beaucoup apprécié me balader dans la vieille ville en plein été plutôt que dans mon champ...

Ah! et puis le truc bizarre, sinon dérangeant, de la soirée: Il y a une femme qui a gagné une couple de prix pour un projet de CRÉMATION D'ANIMAUX DOMESTIQUES... je n'ajoute même pas de commentaires...

dimanche 17 juin 2007

Là où tout est brun avant d'être vert

Je me fais prendre chaque année.
Nous débutons la saison... plantons semons, plantons, semons...
et vers fin mai, au souper, entre deux bouchées, S et moi, satisfaits, constatons:
"Chanceux cette année... il n'y a pas trop de mauvaises herbes!"
Et ça continue comme ça...
On plante, on sème, on plante, on sème et à un moment donné, je me revire de bord pour constater le tapis vert qui rend flous mes beaux rangs organisés.
La panique!
Chaque mi-juin, la même panique.
Le printemps est enthousiasmant, pas un moment pour la panique!

Aujourd'hui, mon garçon Loup (5 ans) et moi avons fait son petit potager personnel.
Cocasse à souhait il sera garni de mini-tournesols (sunny smile), d'une citrouille géante (Atlantic giant), de tomates miniatures à la forme de fraises (Tomatoberry), de mini carottes (mignon), de concombres jamaïcains piquants et grimpants, de pois chiches (winnifred), de haricots grimpants (Scarlet runners), de radis violets (purple plums) et de mini popcorn (Tom Thumb). Ça fait 5 ans que j'y rêve: jardiner avec mon fils...

S est venu le cherche pour sa sieste et j'en ai profité pour une tournée intégrale de mon jardin, un peu plus grand celui là, avec ses 5 acres....
Au souper entre deux bouchées:
"Ouin... C'est bien beau garnir mais là il faut entretenir! la mauvaise herbe est arrivée..."
Et S de répondre:
"Ah? ça y est là? Finalement on ne s'en sauve pas?"

Cette semaine toutes les matinées seront consacrées au désherbage de mon jardin d'Éden.

samedi 16 juin 2007

mon fidèle

Mon chien est mort il y a un an et 17 jours.
Il avait 17 ans.
Nous avions 17 ans de vie commune.
L'an passé il a semé le début de saison à mes cotés.
Marchant dans l'allée tout près de moi.
À notre cadence. Notre cadence de 17 ans de vie commune.
Mon bon chien. Mon ami, mon compagnon.
Je n'en reviens pas à quel point il me manque.

mercredi 13 juin 2007

corvée de tomates en photo roman

Grosse semaine.

Nous verdissons le champ à un rythme effréné.

Tout y passe: tomates, poivrons, piments, cerises de terre, aubergines, morelles, concombres, melons, courgettes et pâtissons, courges...

En début de semaine, nous avons finalisé la corvée de plantation de tomates en pas moins de 1 1/2 journée de travail. Un record!

Pas une mince affaire...

Plus de 1200 plants à sortir de la serre, variété par variété (nous en faisons 25 cette année).

Ensuite elles passent entre des doigts minutieux pour la taille:

Et sont transportées par camion au champ par groupe d'une centaine.

Ensuite marcher les bras pleins, le nez dans les feuilles de tomates reniflant leur odeur incomparable. Travail aisé en début de planche mais les dernières transportées au bout des rangs de 100m laissent passer quelques noms d'oiseaux entre nos lèvres...


Ensuite les planter un à un, bien profondément dans les sillons préparés par S, le tracteur et sa 'patante à gosse' (Il l'a finalement fait lui-même... j'y reviendrai une autre fois...)





Il faisait chaud, le soleil plombait, certains plants avaient la mine basse.

Éreintant... et pourtant, partout où mon regard se posait, des sourires illuminaient nos visages rougis, maculés de terre, humides de sueurs.



Relever la tête en fin de journée pour savourer le travail accompli

Et pour parfaire le tout, une petite pluie en fin de journée pour ragaillardir les petites plantes nouvellement libérées de leur pot...

Le goutte à goutte est installé et près de la moitié sont déjà tuteurisées à l'heure où j'écris ces lignes...

dimanche 10 juin 2007

sur le neutre


Prendre et reprendre des forces.
Je suis sur le neutre et mon tracteur l’est presque, lui aussi.
Les semaines passent comme des tourbillons.
Elles laissent les muscles ankylosés.
La maison sans dessus dessous.
La tête et le frigo vide.
Le dernière s'est en plus terminée par un festin d'oiseaux sacrifiés et une soirée poker avec l'équipe de travail.
Besoin de souligner les fondations qui ont été coulées pour la cuisine 1 2 3 Soleil!
Faire du béton par temps chaud appelle au gatorade
et quand c'est fini, à la fête!
Ça a fini de m'achever.
Quelques heures pour retomber sur nos pieds avant la(les) semaine(s) de sprint qui vient(nnent): planter planter planter.
Tout est prêt pour qu'on finisse de verdir de façon organisée le champ encore bien brun à bien des endroits
Les mauvaises herbes s'occupent du verdissage intégral.
La clutch du tracteur a tenu le coup aujourd'hui pour le buttage des dernières planches de culture. Le minimum essentiel.
On se croise les doigts pour qu'elle tienne le coup encore quelques semaines. Après, nous analyserons la situation. Elle glisse, la clutch. Il faut la changer et cette réparation exige qu'on sépare le tracteur en deux. Ni plus ni moins. Un ouvrage très chérant et qui nous prive de notre grosse bête pendant un bon deux semaines. Ce n'est vraiment pas le moment...

mercredi 6 juin 2007

Vie et mort des petits oiseaux

La marmaille est arrivée!

S est allé les ramasser à la coop avec les woofers, question de les initier à un nouvel aspect de la vie à la ferme. Ils sont revenus tout souriants avec des cartons plein les bras.

ils sont combien? Bien dur de les chiffrer, tous entassés qu'ils sont sous la lumière rouge qui leur sert de maman par les nuits froides qui se succèdent.

Le canetons identiques à Saturnin, les dindonneaux avec leur verrue au dessus du bec, les poussins qui s'empiffrent et les grands oisons avec leur regard curieux.

Comme tous les bébés du monde, ils crient et piaillent au plus fort de leur petit être et ça résonne pas plus loin que ça. Loup veut les prendre entre ses petits doigts et à chaque fois, ça finit par une fiente qui lui dégouline sur les pieds. Ils sont goinfres ces marmots. Pressés de grossir pour pouvoir enfin s'égosiller en plein air et partir à l'aventure, loin de leur lumière rouge, où à leur piaillement succèdera un concert (vacarme?) de Cocorico et de coin coin.

Pour faire place à tout ce petit monde, le ménage s'imposait. Les coqs et les pintades de l'été passé ont dû y passer... S officiait en maître des sacrifices, Poïon était à la plumeuse et L, super bras droit arrachait les chicots. Laska, ma chienne, mangeait les pattes et les têtes. Chacun sa place.

Notre festin aura lieu vendredi.



mardi 5 juin 2007

sous tension, les pieds dans l'eau

Toute cette eau fait pousser de l'angoisse dans mon ventre.

Tendue la farmière.

Après 3 semaines de soleil, un peu de pluie était supportable.

Mais voilà une semaine que ça dure. Faire du ménage dans la grange, fignoler les dernières choses dans la serre, tuteuriser... je ne sais plus quoi leur faire faire, on a même planté des jardinières de fleurs...

La serre est pleine à craquer de transplants prêt à vivre leur vie de légume, prêts à s'exprimer. 1000 plants de tomates, des milliers de crucifères (choux, broco, choux fleur,Bruxelles...), plusieurs centaines de laitues, de céleris ect. Ils attendent et attendent.

C'est le temps, là! Le risque de gel est passé, la mouche du chou a pondu, les clients voudront des laitues dans 25 jours... Les muscles bandés. Le soleil n'a qu'à crier go et on part, les bras pleins de graines et de plantules pour finir de verdir le champ.

en attendant, je nourris mon parasite


lundi 4 juin 2007

En compagnie de Siri et de Lily - L'envoûtement de Lily Dahl de Siri Hustvedt

J'en ai fini avec Lily.
C'est Siri -Hustvedt - qui l'a poussé dans mon lit.
Cette femme -Siri Hustvedt- m'impressionne au plus haut point.
Une fois, je le confesse, dans un moment noir d'hiver sombre, j'ai pris un livre de psycho pop à la bibiothèque. Mon premier. Son titre était assez évocateur: ''Pourquoi les femmes se prennent la tête... : Et comment se rendre la vie plus légère''
J'ai la vague impression que j'étais dans un trou. Noir.
Les 25 pages que j'ai lues en biais étaient pas mal... bof...
Ce que j'en retiens, c'est un exercice: Trouver quelqu'un que j'admire.
J'admire plein de monde pour leurs qualités humaines. Mes frères pour leur fougue et leurs passions, ma belle belle soeur pour son écoute et sa générosité, mon autre belle-soeur pour son pas-compliqué, mes parents pour leur amour du travail et leur curiosité, mon S pour son jugement, MC pour sa diplomatie, D pour sa douceur, Cricri pour son enthousiasme envers l'inconnu...
Mais quelqu'un je j'admire au point de vouloir lui ressembler?????????????????????
Quel bizarre exercice!
Il y a quelques année j'aurais probablement sélectionné un homme: Michael Stipe, David Lynch, Paul Auster, Dan Binkley...
J'ai regardé le plafond longtemps... et j'ai dit tout haut: Siri Hustvedt!
J'avais pourtant pas lu grand'chode d'elle: 'Tout ce que j'aimais' et 'Yonder'
Sauf que tous les deux m'ont laissé la marque d'une intelligence supérieure et parfaitement originale. Quel cerveau!
Or donc, je lis tout Siri en étant séduite d'avance. Pas toujours facile pour un auteur que ce préjugé favorable...
J'en ai finit avec 'L'envoûtement de Lily Dahl'
Pas le meilleur moment de l'année pour ce type de lecture. Je suis crevée le soir après la journée dans le champ. Au lit que je me suis à maintes reprise endormies dans la face de Lily, ces derniers temps.
L'envoûtement de la protagoniste est finalement son entrée dans l'âge adulte, le moment où le regard qu'on porte sur le monde change. Lily, 18-19 ans, a grandi dans une petit bled perdu du Minnesota. Elle y connaît tout le monde. Elle est serveuse dans un café et y sert les gens qu'elle cotoie depuis sa toute petite enfance. Puis, 2 évènements: elle est séduite par un peintre newyorkais et trouve une paire de souliers. Et c'est alors que tout se met à changer autour d'elle. les gens commencent à avoir des comportements étranges. Tout au long, je me disais que ce n'était pas tant les gens qui changeaient mais son regard sur le monde qui perdait sa naïveté. L'atmosphère du livre est 'envoûtante'. Un côté Twin Peaks. Un petit village où on réalise que finalement tout le monde a quelque chose à cacher. D'un peu glauque ou de franchement sordide. Et où parfois les plus repoussants n'ont rien de malsain.

samedi 2 juin 2007

Le Paysage réinventé de Major Babe

Major Babe expose! "un collectif là pas de panique", elle nous a averti.
Son nom n'est pas encore écrit en néon, ni sur broadway...
Mais Major Babe n'a pas besoin de ça des néons, elle est déjà assez éblouissante de même!

Le vernissage avait lieu hier.

Nous avons tout juste eu le temps de se doucher et de se brosser un peu après la journée de travail.
Nous sommes partis en wagonnette. Chargée à bloc. La délégation du terroir qui arrive en ville.

S était au volant, ma chère voisine à ses côtés, la maman de MajorBabe.
Au deuxième rang, Loup mangeait son pain pita à même sa boîte à lunch et riait comme un fou avec L, super bras droit et ma provençale de wwoofer.
Tout derrière, j'étais entre Poïon, fils de chère voisine et frère de Major Babe, et mon provençal de wwoofer.

À 18h00 on a décollé, toutes fenêtres ouvertes, les pneus touchant à peine la garnotte.
DJ Champion, le seul dc qui trainait dans le camion, nous obligeait battre la cadence à 60 bpm qui avec son pied, qui avec sa main, qui avec son menton. À un moment donné, on a chanté "Marie Madeleine a une jambe de bois" mais ça ne répondait pas fort, personne ne savait tous les mots. Poïon a continué à fredonner une obscure chanson à répondre, apprise d'une grand-mère franco-ontarienne, pendant un bon 20 minutes...

Quand on est arrivés à l'exposition, on avait une belle allure, ça ne paraissait quasiment pas qu'on arrivait du champ, sauf pour les petits tas de terre sèche que nos souliers ont laissé un peu partout dans la salle d'exposition. Loup a tout regardé avec attention. Ça fait longtemps que nous le sortons au musée. Celui des Beaux Arts est pour lui aussi amusant que celui des enfants. Mais le Musée de la Nature avec ses vrais os de dinosaures et avec son architecture de vrai château entre dans une autre catégorie...

C'était une toute petite expo, 6 jeunes artiste sur le thème du paysage réinventés. Une ou deux oeuvres chacun. Tout à fait disparates comme styles mais étonnament intégré et harmonieux.
à notre grande fierté, Major Babe avait fait une de ses oeuvres de bouette. "J'suis partie de chez nous avec deux chaudières de terre de mon jardin pis je suis venue pitcher de la bouette sur le mur de la galerie... je me suis amusée comme une enfant sauf pour le bruit des néons: vvvvvvvvvvvvvv". Elle a 'peint' directement sur le mur 4 surfaces bien délimitées mises à part quelques coulisses qui allaient jusqu'au plancher. Avec ses main, avec une bouteille à moutarde, avec une brosse... Nous nous sommes enorgueillis de son absence d'esprit mercantile. Qu'est ce que tu fait si quelqu'un veut t'en acheter une? "Je prends mon petit balais et mon porte-poussière et je lui mets mon oeuvre dans un petit sac avec les instruction comme pour une peinture à numéro". En riant Major Babe m'a raconté que quand on lui a demandé le titre de son oeuvre, la seule réponse qui lui venait en tête, c'est "Ma terre n'est pas sale". C'est Poïon (secondaire 1) qui nous a ébahis en nous sortant tout de go: "c'est un paysage créé à même son essence". BOUCHE LA BÉE, la délégation!


En revenant nous avons fait des détours pour trouver un casse-croûte encore ouvert. On ne s'habitue pas à ce que ça ferme avant 21h00 le vendredi. Nous en avons finalement trouvé un pour finaliser la sortie en mangeant une poutine. Il était 22h00. Dans ma vingtaine, c'était au Rapido à 4h am.
En revenant, Loup a pris mon bras comme toutou pour s'endormir. Je me suis assoupie. Derrière, Poïon parlait d'ACDC à L, Super bras droit, je ne sais pas si je rêvais mais à la fin, j'ai cru entendre qu'il lui en chantait des tounes. En avant, chère voisine racontait à S la petite histoire de chaque paysan dont on croisait la ferme.

Émergence! Le paysage réinventé, Du 1er juin au 5 août 2007